Il est un secteur dans le Marais, à Paris, particulièrement marqué par la dynastie d'architectes Mansart.
En effet, François Mansart logea et mourut en 1666 dans la maison qu'il avait érigée, en 1642, au 5 rue Payenne.
Il fut l'auteur, en 1660-1661, des remaniements et de la nouvelle façade de l'hôtel Carnavalet, situé à l'angle des rues des Francs-Bourgeois et de Sévigné, alors rues de Paradis et de la Couture-Sainte-Catherine.
Au bout de la rue de Sévigné, sur l'autre versant, Pierre Delisle-Mansart, cousin germain de Jules Hardouin-Mansart - qui avait vécu avec lui et leur grand-oncle Mansart, rue Payenne -, érigea au 52, en 1681-1683, l'hôtel dit "de Flesselles", du nom d'un prévôt des marchands qui l'occupa au milieu du XVIIIe siècle. Il s'agissait là de sa première opération spéculative, destinée à la revente ou à la location. Delisle-Mansart revendra en effet l'hôtel à son neveu François Gabriel en 1700. L'hôtel fut passablement dénaturé au XXe siècle mais conserve le joli portail avec putti et guirlande de fleurs.
Au 12 de la rue en retour, celle du Parc Royal, se trouve l'hôtel de Croisille, puis Potier de Novion, que Jean Mansart de Jouy restaura et mit au goût du jour en 1733 pour Anne-Marguerite-Catherine Gallard, veuve de Nicolas Potier, comte de Novion, conseiller au Parlement. Il s'agissait là d'une de ses toutes premières réalisations.
Ainsi, dans ce carré Payenne-Francs-Bourgeois-Sévigné-Parc royal, se trouvent quatre réalisations Mansart des XVIIe-XVIIIe siècles.
On signalera, dans le prolongement de la rue Payenne, au 13 rue Pavée, les remaniements et extensions de Mansart de Jouy à l'hôtel d'Herbouville en 1737, ainsi que, rue des Francs-Bourgeois, au n° 56, la maison sur rue de l'hôtel de Gilbert-Jérôme Clautrier, premier commis du Contrôle général des finances, réalisée en 1752 par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, frère cadet du précédent. Un logis de la direction des Archives de France.
Plus que tout autre quartier de Paris, le Marais fut assurément le lieu de nombreuses créations des Mansart, qu'il s'agisse d'hôtels, de maisons, d'églises ou de couvents. On citera ainsi pour :
- François Mansart : l'église Notre-Dame-des-Anges et le couvent de la Visitation Sainte-Marie (1632-1634), rue Saint-Antoine ; le portail de l'église des Minimes (1657-1665), derrière la place des Vosges (rue de Béarn actuelle) ; les hôtels de Montmorency (1631-1632), rue Sainte-Avoye (emplacement des 62-64, rue du Temple, détruit) ; de Chavigny (1642-1643), rue du Roi-de-Sicile (7-9, rue de Sévigné) ; de Blérancourt (1644), place Royale (26 place des Vosges) ; de Guénégaud des Brosses (1651-1653), rue du Grand-Chantier (60 rue des Archives) ; les maisons à loyer des 4, 6 et 8 rue du Plâtre (démolies) ; auxquels s'ajoutent les bâtiments évoqués dans le Carré Mansart.
- Jules Hardouin-Mansart : l'hôtel de Sagonne (1667-1670), 28 rue des Tournelles, sa première réalisation architecturale et son domicile à Paris ; l'extension de l'hôtel de Chaulnes (1675-1677), place Royale (9 place des Vosges) ; l'hôtel Fieubet, 2bis quai des Célestins ; les projets pour l’hôtel de Montgelas (1703), rue du Grand Chantier (62 rue des Archives), mitoyen de l’hôtel de Guénégaud des Brosses par François Mansart ; le maitre-autel et les projets pour le choeur et la chapelle axiale de l'église Saint-Paul (1691-1692, détruite).
- Pierre Delisle-Mansart : la restauration et l'extension de l'hôtel de Boisdauphin (1669-1673), rue des Trois-Pavillons (rue Elzévir, détruite) ; l'hôtel Delisle-Mansart (1684-1685), 22 rue Saint-Gilles, hôtel qui ne fut pas le domicile de l'architecte, contrairement à ce que l'on prétend souvent, mais un hôtel destiné à la location comme celui de Flesselles.
- Jean Mansart de Jouy : les hôtels Potier de Novion et d'Herbouville susdits.
- Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne : les maisons Chevestre de Cintray (1733), impasse Pecquay (8 rue Pecquay, démolie) et Clautrier susdite et ci-dessous ; l'église des Carmes-Billettes (1754-1758), rue des Archives, d'après le projet de reconstruction total du couvent (1747).