Réalisation fameuse de Jean-Michel Chevotet (1698-1772), architecte du roi, pour Mathieu-François Molé (1705-1793), président à mortier du Parlement de Paris, le château de Champlâtreux (Oise) fut bâti de 1751 à 1757.
Résidence de plaisance de la famille Molé au XVIIIe, il allait devenir celle de la famille de Noailles au siècle suivant.
La façade sur jardin, entre les pavillons latéraux, fut influencée par une autre réalisation fameuse du milieu du XVIIIe siècle : le château d'Asnières-sur-Seine.
Bâti de 1750 – soit un an avant Champlâtreux – à 1752, Asnières est une des grandes réalisations civiles de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, confrère de Chevotet à l'Académie royale d'architecture.
Nul doute que le dernier Mansart, fier de son projet pour le fils du ministre de la Guerre de Louis XV, le marquis de Voyer (1722-1782), ne manqua pas de montrer son projets à ses confrères, lesquels s'en inspirèrent tout en apportant leur touche personnelle.
C'est ainsi que l'avant-corps sur jardin d'Asnières fut repris à Champlâtreux. Une influence qui se retrouve jusque dans le mascaron d'homme barbu au-dessus de la porte-croisée médiane, ainsi que dans l’ordre ionique disposé à l’étage et dans le parapet, orné d’une frise de poste et de vases de fleurs au-dessus.
Pour ne pas plagier totalement la façade de Mansart de Sagonne, Chevotet prit soin d’inverser consoles et mascarons sur les croisées latérales, au rez-de-chaussée et à l'étage.
Il fut question, un temps, à Asnières, de coiffer le logis sur jardin d'une vaste couverture à terrasse faîtière, au centre. Chevotet en retint l'idée sous la forme de la couverture "à impériale" que l'on voit actuellement.
Avec l'ajout de pavillons latéraux et de combles mansardés – là où Mansart de Sagonne préfèrait un comble à l'italienne –, il résulte que la façade de Champlâtreux présente une pesanteur et une originalité moindre que celle d'Asnières : Chevotet s'inscrivait, en effet, dans la tradition classique française depuis Hardouin-Mansart, quand Mansart de Sagonne s'inscrivait, pour sa part, dans celles des demeures à l'italienne de son temps, dites alors "à la romaine".
Cette influence méconnue d'Asnières sur Champlâtreux méritait d'être évoquée et soulignée ici.