D'Asnières à Champlâtreux (1750-1751)

Réalisation fameuse de Jean-Michel Chevotet (1698-1772), architecte du roi, pour Mathieu-François Molé (1705-1793), président à mortier du Parlement de Paris, le château de Champlâtreux (Oise) fut bâti de 1751 à 1757.

Résidence de plaisance de la famille Molé au XVIIIe, il allait devenir celle de la famille de Noailles au siècle suivant.

 

                                         Château de Champlâtreux, côté jardin (1751-1757)  

 

La façade sur jardin, entre les pavillons latéraux, fut influencée par une autre réalisation fameuse du milieu du XVIIIe siècle : le château d'Asnières-sur-Seine.

Bâti de 1750 – soit un an avant Champlâtreux – à 1752, Asnières est une des grandes réalisations civiles de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, confrère de Chevotet à l'Académie royale d'architecture.

Nul doute que le dernier Mansart, fier de son projet pour le fils du ministre de la Guerre de Louis XV, le marquis de Voyer (1722-1782), ne manqua pas de montrer son projets à ses confrères, lesquels s'en inspirèrent tout en apportant leur touche personnelle. 

                                                   

                                         Château d'Asnières, côté jardin (1750-1752)      

              

C'est ainsi que l'avant-corps sur jardin d'Asnières fut repris à Champlâtreux. Une influence qui se retrouve jusque dans le mascaron d'homme barbu au-dessus de la porte-croisée médiane, ainsi que dans l’ordre ionique disposé à l’étage et dans le parapet, orné d’une frise de poste et de vases de fleurs au-dessus.

Pour ne pas plagier totalement la façade de Mansart de Sagonne, Chevotet prit soin d’inverser consoles et mascarons sur les croisées latérales, au rez-de-chaussée et à l'étage.

 

                     Champlâtreux, avant-corps : Neptune (années 1750)    

                                                                Asnières, avant-corps : Neptune (1750-1751)  

 

Il fut question, un temps, à Asnières, de coiffer le logis sur jardin d'une vaste couverture à terrasse faîtière, au centre. Chevotet en retint l'idée sous la forme de la couverture "à impériale" que l'on voit actuellement.

Avec l'ajout de pavillons latéraux et de combles mansardés – là où Mansart de Sagonne préfèrait un comble à l'italienne –, il résulte que la façade de Champlâtreux présente une pesanteur et une originalité moindre que celle d'Asnières : Chevotet s'inscrivait, en effet, dans la tradition classique française depuis Hardouin-Mansart, quand Mansart de Sagonne s'inscrivait, pour sa part, dans celles des demeures à l'italienne de son temps, dites alors "à la romaine".

Cette influence méconnue d'Asnières sur Champlâtreux méritait d'être évoquée et soulignée ici.

 

  Champlâtreux, avant-corps : Agrafe latérale (années 1750)     Asnières, avant-corps : agrafe latérale (1750-1751)