Cathédrale Saint-Louis de Versailles (Yvelines)

Erigée de 1742 (et non 1743 comme on le prétend généralement) à 1754, la cathédrale Saint-Louis de Versailles est le premier grand chantier religieux de Louis XV qui réalisait là un projet envisagé sous son arrière-grand-père Louis XIV. L'ouvrage fut confié à l'architecte du roi Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778) dont ce fut là une des oeuvres majeures. Si beaucoup de ces vastes réalisations (monastère royal de Prouille, haras du château d'Asnières, château de Jägersburg en Allemagne, grand et petit hôtels Boutin, rue de Richelieu à Paris...) ont disparu, cette église, érigée en cathédrale en 1802, lui valut de ne pas sombrer complètement dans l'oubli.

De style rocaille mais de tradition gothique, tant en plan qu'en élévation, la cathédrale Saint-Louis est un chef d'oeuvre de la stéréotomie et de la charpenterie françaises du XVIIIe siècle. Etablie sur un vaste radier de pierres de taille (et non, suivant la légende, sur pilotis), l'édifice présente deux niveaux de pierre : pierres dures au bas pour sa solidité, pierres tendres en haut pour la taille des ornements. Le dôme et sa superbe flèche sous forme de vaste balustre sont nantis d'une splendide charpente, l'une des plus belles de France, oeuvre du charpentier parisien Charles Bonneau.

Contrairement à une autre légende, les bulbes d'ardoises et de plombs, autrefois dorés, comme la flèche, à l'instar des plombs des couvertures du château, ne sont pas une allusion aux origines polonaises de la reine Marie Leszczynska  (1703-1768) mais s'inscrivent dans la tradition baroque française de couvertures des tours et clochers depuis le XVIIe siècle au moins.

L'édifice abrite de nombreuses oeuvres d'art de premier ordre dont les tableaux des plus grands peintres du règne de Louis XV (Boucher, Deshays, Restout, Vien, Pierre, Vanloo...) et de la Restauration (Couperin de la Couperie, Schnetz). Le monument au duc de Berry (1821-1823) est l'une des réalisations majeures du fameux sculpteur James Pradier (1790-1852).

La restauration de la façade en 1985, le nettoyage de l'intérieur en 1989 et la restauration des couvertures, suite à la tempête de 1999, ont permis de rédécouvrir peu à peu toute la beauté et l'intérêt de cet édifice, longtemps négligé. On regrettera que, contrairement à son homologue, l'église Notre-Dame, la Ville de Versailles ne soit toujours pas parvenu à éclairer dignement l'un des monuments majeurs de la cité royale, surtout s'agissant de sa cathédrale.

A l'instar d'autres édifices de Versailles (bibliothèque municipale, ex-hôtel des Affaires étrangères, notamment), il conviendrait de rétablir les lys de France dans le blason royal ailé du fronton central afin de redonner à cette cathédrale son caractère royal, souvent oublié des Versaillais et des visiteurs.