La grange-écurie des Ormes, plus connue sous le nom de bergerie depuis son changement d'affectation au XIXe siècle, est une des grandes réalisations subsistantes de l'architecte néo-classique Charles De Wailly (1730-1798) et de son ami, le sculpteur Augustin Pajou (1730-1809).
Ce bâtiment de 80 mètres de long sur 12 mètres de large servait l'aménagement de la place elliptique pratiquée par le marquis Marc-René de Voyer d'Argenson (1722-1782) devant les grilles de son château des Ormes. Place qui était traversée par la route royale de Paris à l'Espagne via Bordeaux.
Le voyageur, qui ne manquait pas de faire une halte aux haras-relais de poste voisins, devait être fort surpris et éblouis par l'ampleur de ce bâtiment étrange, sommé d'un magnifique fronton figurant Cybèle recevant l'offrande de toutes les productions de la Terre.
Ce relief, réalisé par Pajou entre 1767 et 1769, date de sa livraison en pièces détachées par voie d'eau depuis Paris, a été identifié en 2011 par nos soins. Identification qui a été confirmée par M. Guilhem Scherf, conservateur en chef au département des sculptures du Louvre, lors de sa venue sur les lieux en 2013.
Le bâtiment, dessiné par De Wailly avec le marquis de Voyer, fut réalisé par l'architecte-ingénieur du domaine, Jean-Baptiste Vautier, sous la direction du jeune Bernard Poyet (1742-1824), élève de De Wailly que celui-ci avait envoyé aux Ormes pour entamer la reconstruction du corps central du château.
Poyet, futur architecte du Palais-Bourbon à Paris, engageait là l'un de ses tous premiers chantiers alors qu'il n'avait pas encore entamé le voyage de Rome. Voyage qui allait le conduire à quitter les Ormes pour Paris en 1769 suite à l'obtention du Grand prix de l'Académie royale d'architecture cette année-là.
Dans les tondi, De Wailly avait disposé des têtes de cerfs factices à la manière de la Cour des Cerfs du château de Versailles.