Villeneuve-l'Etang, la résidence impériale oubliée

Acquis le 23 juin 1852 pour 1 065 000 francs et rattaché au domaine de Saint-Cloud par décision impériale de juin 1853, le domaine de Villeneuve-l’Étang apparait comme la première acquisition foncière de Napoléon III en Ile-de-France et, par là-même, sa seconde grande résidence privée après La Motte-Beuvron en Sologne en mai 1852 et avant Biarritz en août 1854 ou Solférino en mars 1857.

 

            Le parc de Villeneuve-l'Etang à la fin du XIXe siècle, ©Ph.Cachau            Le parc de Villeneuve-l'Etang à l'extrémité du parc de Saint-Cloud, ©Ph.Cachau

 

Né en 1752 de la fusion des domaines de L’Étang et de La Marche, tel qu’il se trouvait avant la partition opérée en 1708 par le ministre Michel Chamillart, Villeneuve-l’Etang fut successivement la propriété du maréchal Soult, duc de Dalmatie, en 1802, de la duchesse d’Angoulême, fille aînée de Louis XVI, en 1821, et de la famille De Caze de La Bove en 1831. Le domaine fut étendu par Soult sur la commune de Marnes-la-Coquette tandis que la duchesse d’Angoulême y aménagea l’actuelle ferme du Piqueur et que les De Caze de La Bove érigeront les deux maisons à l’entrée sur la place de Marnes. Un logis des Cent-Gardes sera édifié sous Napoléon III.

 

          L'étang et son îlot, ©Ph.Cachau           Rivière au bout de l'étang, ©Ph.Cachau

 

Avec son parc à l'anglaise, ses allées sinueuses, son étang originel qui alimentait une fausse rivière en circuit fermé, son île au centre, son pont pittoresque, sa bergerie, sa ferme et, plus tard, sa chapelle Saint-Eugénie, Villeneuve-l’Étang contenait l'essentiel des éléments paysagers qui seront repris par Napoléon III et Eugénie à Biarritz en 1854-1855. Eléments qui étaient eux-mêmes inspirés du Trianon de Marie-Antoinette, souveraine chère à l’Impératrice, à quelques kilomètres de là.   

 

  Entrée du domaine à Marnes-la-Coquette, détail du plan XIXe. Eglise Ste-Eugénie en vis-à-vis, ©Ph.Cachau     Pavillon de Marnes, autrefois à l'entrée du domaine, Marnes-la-Coquette, XIXe siècle, ©Ph.Cachau

              

Si la demeure composite en bord de rivière, où le couple impérial passa sa nuit de noce à l’issue de son union à Notre-Dame le 30 janvier 1853, fut démolie dans les années 1880 et que le parc fut passablement écorné par les emprises de la voie ferrée Paris-Saint-Lazare - Saint-Cloud - Garches - Marly-le-Roi* à la fin des années 1830, par celles de l’État et de l’Institut Pasteur à Garches à la fin du XIXe siècle, puis par l’autoroute A13, parallèle à la voie ferrée, au milieu du XXe siècle, le site n’en conserve pas moins de beaux vestiges qui méritent d’être redécouverts à l’occasion de prochaines ballades.

*actuelle ligne L vers Saint-Nom-la-Bretèche

          Ferme du Piqueur, années 1820, ©Ph.Cachau           Chalet de Combleval, milieu XIXe, ©Ph.Cachau

 

Outre le tour de l’étang et de sa rivière, on ne manquera pas de se rendre à la ferme du Piqueur puis, non loin de là, au chalet de Combleval, créé sous Charles X, revu et corrigé dans le style brique et pierre cher à Napoléon III. Surtout, on ne manquera pas de se rendre à la jolie église Saint-Eugénie de Marnes-la-Coquette, conçue en 1859 et réalisée en 1860-1861 par Jean-Jacques Clerget (1808-1877), architecte du domaine de Saint-Cloud.

 

          Jean-Jacques Clerget, église Ste-Eugénie, Marnes-la-Coquette, 1859-1861, ©Ph.Cachau           Marnes-la-Coquette, église Ste-Eugénie, détail de la nef, 1859-1861, ©Ph.Cachau          

 

Établie sur une place charmante, cette église sera pour ceux qui connaissent la chapelle impériale de Biarritz, une réelle surprise. Elle contient en effet en germes plusieurs éléments de sa consœur basque : plan basical à abside, décor peint en arabesques, dallage orné. Elle diffère seulement par son plafond plat à caissons et par sa luminosité : de grandes ouvertures quand la chapelle de Biarritz dispose d'une double rangée de baies hautes et basses.

Une belle promenade pour les amateurs d'anciens domaines disparus et du Second Empire.

 

                                              Marnes-la-Coquette, église Ste-Eugénie, la nef, 1859-1861, ©Ph.Cachau

 

                                    Marnes-la-Coquette, église Ste-Eugénie, détail du dallage, 1859-1861, ©Ph.Cachau       Parc de Saint-Cloud, détail sur Villeneuve-l'Etang, ©Ph.Cachau