Arteaga : le château en Espagne de l'impératrice Eugénie et de Napoléon III (Pays basque espagnol)

Située dans la province de Biscaye en Espagne, à 3 kilomètres au nord de la cité emblématique de Guernica, haut lieu des fueros - libertés locales - du Pays basque, et à 38 km au nord-est de Bilbao, la forteresse d'Arteaga fait partie des domaines impériaux oubliés ou méconnus - après celui de Biarritz - par les historiens du Second Empire.

Datée du XIIIe siècle, elle fut détruite en 1358 par Pierre Ier dit "le Cruel", roi de Castille et de Léon. Elle fit l’objet de maintes restaurations jusqu’au milieu du XIXe siècle. Lors des guerres carlistes, elle fut occupée par les forces du général Inigo Ortez de Velasco.

 

                   Vue générale (cliché Ph. Cachau)                  Le château du côté de l'entrée (cliché Ph. Cachau)

 

La forteresse devint la propriété d'Eugénie de Montijo à la mort de son père en 1839 via ses liens avec l'illustre famille d'Arteaga, fondatrice du lieu.

Très attachée à son Espagne natale qui lui manquait tant, l'impératrice convainquit Napoléon III d’acquérir une résidence côté espagnol. Le couple impérial était établi, rappelons-le, depuis 1854 à Biarritz, dans le Pays basque nord (français).

En 1857, le chantier de restauration fut confié à Louis-Auguste-Déodat Couvrechef (1827-1858), jeune architecte en charge de la restauration du château de Pau et de la construction de la résidence impériale de Biarritz.

Mort prématurément à Arteaga pour une raison inconnue (accident ?), il fut remplacé par deux autres architectes impériaux : Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895), de 1858 à 1864, puis Joseph-Auguste Lafollye (1828-1891) jusqu'en 1870. Les travaux d'aménagement durèrent jusqu’en 1865. On y employa des artisans français de Paris, Bayonne et Biarritz.

La résidence fut entretenue jusqu'à la chute du Second Empire en 1870, le couple impérial espérant s'y rendre un jour. Il n'y viendra jamais. Arteaga figure néanmoins, avec Pau et Biarritz, dans les comptes des résidences impériales entre France et Espagne.

 

                          Le donjon depuis la cour du château (cliché Ph. Cachau)                               Blason de la famille Arteaga (cliché Philippe Cachau)

 

À la mort de Napoléon III en 1873, le château devint la propriété du prince impérial Louis-Napoléon, fait citoyen de Biscaye à sa naissance en 1856. Revendu par l’impératrice - à l’instar du domaine de Biarritz - au décès de son fils en 1879, il passa de mains en mains.

Il figure aujourd’hui parmi les paradores d’Espagne, lieux de prestige installés dans des monuments historiques en déshérence.

Cette modeste forteresse se compose, comme la plupart de celles du Moyen Age, de quatre tourelles d’angle et d’un vaste donjon, au centre. Les armes de la famille Arteaga figure au-dessus de l’entrée dans la cour.

Après Pierrefonds (Oise), cette résidence témoigne encore, plus modestement, du goût pour le médiéval du couple impérial suivant l'éclectisme en vigueur.

Arteaga apparait ainsi comme la petite sœur de Pierrefonds.

 

                  La cour du côté de l'entrée principale (cliché Ph. Cachau)                   Le donjon au nord-ouest (cliché Ph. Cachau)