Louis-Philippe à Versailles, c'est aussi Trianon et la cathédrale Saint-Louis

Le château de Versailles rend hommage, du 6 octobre 2018 au 3 février 2019, à Louis-Philippe, roi des Français, qui décida, en 1833, de consacrer le site "À toutes les gloires de la France" par la création d’un grand musée de l’histoire de France, depuis Clovis à 1830, date de son arrivée sur le trône.

Ce musée fut inauguré le 10 juin 1837 et ouvrit ses portes, dès le lendemain.

L’exposition, dont la commissaire est Valérie Bajou, était envisagée depuis une dizaine d’années au moins mais elle n’avait jamais pu voir le jour jusqu'ici.

 

                                         Horace Vernet : Louis-Philippe et ses fils, Château de Versailles, 1846

 

Longtemps, en effet, depuis Pierre de Nolhac (1859-1936), conservateur du château de 1892 à 1919, le musée de l'Histoire de France de Versailles demeura honni de la conservation. Seul l’Ancien Régime retenait alors toute son attention.

Plus généralement, hormis, l’ère napoléonienne au Grand Trianon, le XIXe siècle demeurait proscrit, suivant le goût général en France au XXe siècle.

À partir des années 1970-1980, les choses évoluèrent peu à peu, quand, suite à la loi programme de 1978, on décida de conserver le musée de Louis-Philippe dans les ailes nord et sud – emplacement d’anciens appartements princiers (aile sud) et courtisans (aile nord) – et de rétablir dans le corps central, l’état d' Ancien Régime, celui du 6 octobre 1789, date du départ de la cour.

Cette exposition permet de découvrir les superbes salles élaborées dans le goût du temps, à savoir celles des Croisades, sur Napoléon et de 1830, mais aussi, et surtout, les trois salles relatives à la conquête de l’Afrique du nord (Constantine, Smala et Maroc), confiées au grand peintre Horace Vernet (1789-1863). C’est en effet avec Louis-Philippe que s’ouvre l’ère coloniale de la France.

Demeurées inaccessibles depuis des lustres, ces salles - qui servirent tour à tour de réserves, puis de lieux d’exposition - sont enfin dévoliées dans leur état originel.

 

          Salle de Constantine, château de Versailles, 1842             Salle de la Smala, château de Versailles, années 1840

 

Mais Louis-Philippe à Versailles, ce n’est pas que le château et son musée historique.

Lors de ses séjours dans la cité royale, comme Napoléon, le roi des Français logeait au Grand Trianon et ce dès 1833.

Pour lui et sa nombreuse famille, il décida le réaménagement des lieux en 1835. Il fit ainsi établir une chapelle dans l’aile de Trianon-sous-bois. Chapelle où sa fille Marie-Christine-Caroline-Adélaïde (1813-1839) épousa, en octobre 1837, le prince allemand Alexandre de Wurtemberg (1804-1881).

 

              Chapelle de Louis-Philippe au Grand Trianon, aile de Trianon-sous-bois, 1835-1838               Achille Devéria : Assomption, chapelle du Grand Trianon, manufacture de Sèvres, 1838

 

Outre les appartements bien connus et encore visibles de la reine des Belges – sa fille Louise-Marie-Thérèse (1812-1850) – et le salon de famille, réalisé à l’emplacement de deux salons de Louis XIV, le roi des Français fit installer son appartement au bout de l’aile sud qui ouvrait sur les jardins et le Grand Canal, derrière l’ancienne salle du conseil de Louis XIV.

Il installa sa chambre, qui était aussi celle de Marie-Amélie – le roi et la reine couchaient bourgeoisement dans le même lit ! - dans celle de l'impératrice Marie-Louise au début du siècle. Le lit de Louis XVIII aux Tuileries fut disposé là et agrandi pour l'occasion.

Les enfants du couple royal furent installés, quant à eux, dans la partie nord du Grand Trianon, ses cinq fils étant à Trianon-sous-Bois.

 

           Grand Trianon, salon de famille de Louis-Philippe              Grand Trianon, chambre de Louise-Marie-Thérèse d'Orléans, reine des Belges

 

Depuis 2016, l'appartement de Louis-Philippe fait l’objet d’un rétablissement complet dans ce qui était, jusqu'alors, les appartements des hôtes de marque de la France. Appartement établis en 1966, à la demande du général de Gaulle, à l'occasion de la restauration du palais.

Ce rétablissement de l'appartement Louis-Philippe est mené par le talentueux Jérémie Benoit, conservateur en chef en charge des Trianons, auquel on doit la superbe restauration, dans son état Premier Empire, des intérieurs de la maison de la reine au hameau. Une restauration inaugurée en juin 2018.

M. Benoit a sorti des réserves, tout le mobilier Louis-Philippe, demeuré entreposé là depuis l’ère Pierre de Nolhac. Ces appartements pourront être découverts prochainement. Un pas de plus vers l’état XIXe du Grand Trianon.

Pendant ses séjours à Versailles, Louis-Philippe et sa famille venaient aux offices à la cathédrale Saint-Louis.

En octobre 1837, soit quelques mois après l’inauguration du musée historique du château, il assista au Te Deum donné suite à la prise de Constantine (Algérie), le 13 du mois.

Le début de son règne fut marqué par le rétablissement de la chapelle axiale de la Vierge : en 1835, on commanda à l’artiste tyrolien Dominique Malkenecht (1793-1876), dit aussi Molkenecht, une statue de la Vierge à l’enfant en marbre, présentée au Salon du Louvre en 1837.

L’artiste s’était distingué alors par une Assomption de la Vierge pour la cathédrale de Metz (1835-1836). La commande rendait hommage à la Vierge pour avoir protéger la cité royale de l’épidémie de choléra qui avait sévi à Paris et ses environs en 1831-1832.

                   

                                         Cathédrale Saint-Louis, chapelle de la Vierge, années 1840

 

La réalisation de cette statue devait conduire au rétablissement complet de la chapelle dans les années 1840.

En 1843, Mgr Louis Blanquart de Bailleul, évêque de Versailles, décida la réfection de l’autel et fit disposer, par la fabrique, la balustrade en marbre que l’on voit aujourd’hui. Ces marbres étaient issus de la Petite Venise, près du Grand Canal, où se trouvaient différentes margelles des bassins du parc.

En 1847, la statue de Malkenecht, disposée jusqu’alors sur un piédestal, trouva enfin place au-dessus de l’autel, conformément au souhait des fidèles.

On réalisa, cette année-là, la gloire baroque ornée de têtes de chérubins. L’ensemble remplaçait le tableau de Hyacinthe Colin de Vermont, La présentation de la Vierge au Temple (1755), installée là depuis le milieu du XVIIIe siècle. Tableau visible, aujourd'hui, dans une chapelle latérale de la nef.

 

              Dominique Malkenecht, Vierge à l'enfant, cathédrale Saint-Louis, 1835-1837                    Achille Devéria : Assomption, chapelle de la Vierge, cathédrale Saint-Louis, manufacture de Sèvres,1847-1848

 

La restauration de la chapelle de la Vierge s’acheva par la réalisation des vitraux de l’Annonciation et de l’Assomption, confiés à Achille Devéria (1800-1857), célèbre peintre et lithographe de l’ère romantique, que Louis-Philippe avait sollicité pour son musée historique et le vitrail de la chapelle du Grand Trianon.

Exécutés par la manufacture de Sèvres, ces superbes vitraux furent installés en juin 1848. Le roi des Français était alors déchu depuis la révolution survenue en février. En mars 1847, il avait offert sur sa liste civile, le vitrail de l’Assomption, en gage de bienfaisance à la ville de Versailles.

Après la visite de l’exposition du château, pensez aussi à parachever votre périple par celle de ces deux sites emblématiques de la présence du roi des Français à Versailles.

 

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