Nicolas Pineau : Cheminée de la galerie du château d'Asnières, 1750

Dessinée en 1750 par le grand ornemaniste rocaille, Nicolas Pineau (1684-1754), pour la galerie du château d'Asnières-sur-Seine, cette cheminée en marbre vert campan demeura en place jusqu'en 1897, date à laquelle les éléments de décoration (statues, boiseries et partie des cheminées) furent mis en vente, avec le château, par leurs propriétaires d'alors, la famille Thion de La Chaume.

C'est probablement le grand décorateur et antiquaire parisien de la Belle Époque, Jules Allard, qui proposa cette cheminée aux descendants de son commanditaire, Marc-René, marquis de Voyer (1722-1782). La famille Voyer d'Argenson s'en porta en effet acquéreur pour l'un des salons du château des Ormes (Vienne), domaine familial entre Touraine et Poitou.

Suite à la reconstruction du château entre 1903 et 1907, la cheminée fut disposée dans l'un des grands salons du corps central au rez-de-chaussée, côté jardin, actuelle salle de billard. Rappelons qu'Allard était originaire de Touraine et disposait d'un domaine non loin des Ormes. 

Réputée disparue, cette cheminée fut identifiée en 2013 par mes soins, en collaboration avec Alain Bonnet, vice-président des Amis du château et du Vieil Asnières.

Sur la base du trompe-l'oeil réalisé lors de la restauration du château en 2006-2007, fait aux dimensions exactes portées sur le dessin de Pineau, conservé à Saint-Petersbourg, j'ai pu reporter ces dimensions sur la cheminée des Ormes et constater qu'elles correspondaient parfaitement.

Ornée de bronzes dorés à l'origine, pillés par les troupes prussiennes lors de l'occupation de 1870-1871, cette cheminée aux formes exubérantes pourrait paraître, à priori, comme une création néo-rocaille du XIXe siècle. Il n'en est rien.

Elle témoigne, au contraire, des goûts exubérants du marquis de Voyer, que nous retrouverons plus tard, sous formes néo-classiques cette fois, à l'hôtel parisien de la rue des Bons-Enfants, connu sous le nom fallacieux de "Chancellerie d'Orléans". Une exubérance qui était également celle du rocaille finissant.

Pineau décéda quatre ans après sa conception. Un décès qui marqua symboliquement la fin du rocaille au profit de l'esthétique louisquartozienne décrite dans la salle à manger du château, réalisée en 1754-1755 par Charles De Wailly (1730-1798).

Une copie de cette cheminée serait à envisager pour la galerie d'Asnières au lieu et place du trompe-l'oeil actuel.

 

                 Cheminée du château d'Asnieres, Les Ormes

                 Cliché Philippe Cachau, 2012

                       Plan cheminée galerie asnieres

                  Cliché Alain Bonnet, 2013