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Ouvrage Chancellerie d'Orléans 2022. Examen critique

À l'heure où certains s'arrogent des sujets qu'ils ne maîtrisent pas toujours, il est bon de se livrer à un examen critique de leurs travaux.

C'est ce à quoi je me suis livré à propos de l'ouvrage La Chancellerie d'Orléans. Renaissance d'un chef-d'oeuvre XVIIIe-XXIe siècles, paru en février 2022*.

Le quatrième de couverture assure qu'il a été rédigé par "les meilleurs spécialistes". Je démontre ici qu'il n'en est rien ou pas vraiment pour certains d'entre eux.

L'objet de mon propos, au-delà des inexactitudes de circonstances, est de montrer le mode de travail et l'état d'esprit de membres du comité scientifique, retenus on ne sait trop comment parfois**, se livrant à une exploitation éhontée de mes travaux en les citant à minima, voire pas du tout.

On verra comment certains ont priviligié en effet mes travaux sur le chantier du château d'Asnières plutôt que d'évoquer ceux sur l'hôtel de Voyer, objet de l'ouvrage, ou ma publication en 2020 sur Julien-David Le Roy, conseiller artistique du marquis de Voyer. Publication qui n'apparait d'ailleurs pas dans la bibliographie.

Je laisse le soin à chacun de se forger un avis mais l'on constatera, au bout du compte, qu'il n'est pas donné, à qui le veut, de traiter un sujet aussi vaste et complexe sans y laisser quelques plumes ...

Ceux qui me suivent sur ce site, depuis sa création en 2010, savent combien le sujet du marquis de Voyer m'est cher.

Bonne lecture !

Document critique à télécharger :

 Ouvrage Chancellerie d'Orleans, examen critique, Ph. Cachau, mai 2022, pdfOuvrage Chancellerie d'Orléans, examen-critique, Ph. Cachau, mai 2022, pdf

 

    Ouvrage Chancellerie d'Orleans, Paris, 2022, cl. Ph. Cachau

 

     * Éditions Faton.

    ** Les véritables historiens du sujet n'ont pas été, en effet, associés comme le montre la biblioraphie en fin de propos.

Nicolas Pineau : un grand maître du style rocaille

Nicolas Pineau (1684-1754) figure aux côtes de Gilles-Marie Oppenord (1672-1742) et de Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750) au rang des trois grands ornemanistes français de style rocaille. Comme eux, il fut aussi architecte. Après le décès d’Oppenord en 1742, puis de Meissonnier en 1750, Pineau apparut comme le dernier grand maître du genre jusqu’à son décès en 1754, année qui marque clairement le passage au néo-classicisme.

Né à Paris en 1684, Nicolas Pineau était le fils de Jean-Baptiste Pineau, l'un des ornemanistes de l’agence de Jules Hardouin-Mansart à Versailles. Nicolas apprit l’architecture auprès de ce dernier et se forma à la sculpture auprès d’Antoine Coysevox (1640-1720), ami d’Hardouin-Mansart. L’art de l’ornement lui vînt au contact de l’orfèvre Thomas Germain (1673-1748).

 

          Nicolas Pineau, agrafes et consoles de la maison de Saint-Chaumont, rue Saint-Denis, Paris, 1734, cl. Ph. Cachau               Nicolas Pineau, ornements de l'hotel de Marsilly, rue du Cherche-Midi, Paris, 1739-1740, cl. Ph. Cachau

 

La fin du règne de Louis XIV s’avéra une période difficile pour les commandes tant publiques que privées. Faute de travail, Pineau fut, par son talent, employé en 1716 en Russie dans le sillage des artistes et artisans recrutés par Jean-Baptiste-Alexandre Le Blond (1679-1719). Il reçut le titre de « Premier sculpteur de Sa Sacrée Majesté Czarienne » Pierre Le Grand (1672-1725) et demeura à son service jusqu’au décès du souverain. Faute de commandes suffisantes une fois encore, l’ornemaniste décida de rentrer à Paris avec femme et enfants en 1727.

En Russie, Pineau fut l’auteur de nombreux décors dont ceux du palais de Peterhof et du palais d’été à Saint-Pétersbourg. Il dirigea le décor des funérailles du tsar et donna le dessin de son catafalque. Sa longue présence en Russie explique l’important fonds de dessins conservé dans les musées de Saint-Pétersbourg.

Pineau ne manqua pas non plus d’intéresser la cour voisine et rivale de Stockholm, ville qui dispose aussi d’un fonds important.

 

      Nicolas Pineau, mascaron de Jupiter, château d'Asnières, 1752, cl. Ph. Cachau              Nicolas Pineau, motif en dessus de porte de la galerie du château d'Asnières, 1750-1751, cl. Ph. Cachau

 

À son retour à Paris en 1727, l’artiste abandonna l’architecture ‒ qu’il pratiquait depuis la mort de Jean-Baptiste-Alexandre Le Blond en 1719 ‒ au profit de la sculpture d’ornements. L’abondance d’architectes, ou prétendus tels, dans la capitale l’avait orienté dans cette voie, laquelle s’avéra fructueuse. Il fut en effet vite employé par des architectes parisiens tels Jean-Baptiste Leroux, Michel Tannevot, Pierre Boscry, voire des grands noms de l’architecture rocaille du moment : Germain Boffrand, Jacques V Gabriel et, surtout, à compter de 1734, Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne dont il devint l’intime. Les deux hommes étaient liés en effet par la personnalité d’Hardouin-Mansart.

Ajoutons, entre-temps, à la fin des années 1720, la rencontre avec Jacques-François Blondel, figure montante de l’enseignement et de la théorie de l’architecture à Paris au XVIIIe siècle, dont Pineau devint l’ami et le témoin au mariage en 1729.

L’amitié avec Pineau et la jalousie de Blondel envers l’activité croissante et prestigieuse du dernier des Mansart furent les causes principales du mutisme opéré sur ce dernier au milieu du siècle dans ses ouvrages, ainsi que l’ont révélé mes recherches universitaires dans les années 1990-2000, publiés dernièrement1.

 

                               Nicolas Pineau, détail des ornements de l'avant-corps sur jardin du château de Jossigny, 1753, cl. Ph. Cachau

                  

Au décès de son père en 1754, Dominique Pineau (1718-1786) poursuivit l’activité familiale. Il dut épouser le néo-classicisme en vigueur mais n’eut cependant pas la même audace et la même notoriété que son père dans le goût rocaille.

Affecté par le décès de sa seconde épouse en 1779, Dominique Pineau sombra dans la folie et dut être placé sous tutelle. Il se retira à Saint-Germain-en-Laye ou il décéda en 1786. Ces aspects méconnus de sa vie et de sa carrière ont pu être identifiés patiemment par mes soins à l’occasion des recherches susdites2.

Les Pineau père et fils étaient membres de l’Académie de Saint-Luc à Paris, protégée par les Voyer d’Argenson père et fils, le comte Marc-Pierre d’Argenson (1696-1764) et le marquis Marc-René de Voyer (1722-1782)3. Ces derniers assurèrent la réputation artistique de l’institution au XVIIIe siècle, souhaitant rivaliser avec l’Académie royale de Peinture et Sculpture.

 

                             Nicolas Pineau, scène chinoise en stuc, salon central du château de Jossigny, 1753, cl. Ph. Cachau

 

Nicolas Pineau œuvra ainsi pour le marquis de Voyer aux merveilleux ornements et boiseries de son château d’Asnières-sur-Seine, assurant par son talent la réputation de « connaisseur » du marquis4.                     

La belle notoriété des Pineau au milieu du XVIIIe sombra peu à peu dans l’oubli jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Sous le Second Empire et l’impulsion donnée par les frères Goncourt ainsi que par l’impératrice Eugénie, tous trois séduits par l’élégance du style rocaile dit "Louis XV", les Pineau éveillèrent la curiosité d’Émile Biais, éminent historien, collectionneur, archiviste et archéologue d’Angoulême, conservateur des archives et bibliothèque de la ville, qui devint leur principal biographe dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les Pineau étant originaire des Charentes, Biais put avoir accès aux archives familiales, aujourd’hui dispersées, voire perdues. Il collectionna de nombreux dessins et souvenirs dont leurs portraits.

 

               Louis Caravaque (d'après), Nicolas Pineau, vers 1742, collection Emile Biais, non localisé.                Louis Caravaque (d'après), Dominique Pineau, vers 1742, non localisé.

 

Au début du XXe siècle, l’historien de l’art et dessinateur Léon Deshairs (1874-1967) dressa, quant à lui, l’inventaire général du fond de dessins des Arts Décoratifs à Paris, se révélant à son tour l’autre référence sur Nicolas et Dominique Pineau.

Traité plus ou moins sommairement, dans les années 1940-1950, par les historiens Fiske Kimball et Louis Hautecœur, Nicolas Pineau connut une éclipse jusqu’à la fin du XXe siècle. C’est ainsi qu’il fut totalement omis dans l’ouvrage de Jean-Marie Pérouse de Montclos sur l'Histoire de l’architecture française de la Renaissance à la Révolution, publié chez Mengès en 1989.

Du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, Nicolas Pineau refit peu à peu surface à travers les travaux de Marianne Roland-Michel sur le peintre Lajoue et, surtout, de Bruno Pons5.

 

  Nicolas Pineau, agrafe symétrique, stuc, Versailles, maison des Italiens, 1752, cl. Ph. Cachau.      Nicolas Pineau, agrafe disymétrique, stuc, Versailles, maison des Italiens, 1752, cl. Ph. Cachau

 

En 1996, dans le cadre de ma thèse de doctorat d’histoire de l’art sur Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, soutenue en juin 2004 à Paris-I sous la direction de Daniel Rabreau6, je poursuivis avec grand intérêt les travaux de MM. Biais et Deshairs.

Ce fut pour moi l’occasion d’approfondir, dans les sources existantes, la biographie et l’activité des deux Pineau. Je parvins, non sans mal, à identifier la fin de la vie de Dominique et sa succession, demeurées ignorées jusqu’ici.

Je procédai parallèlement à l’examen approfondi du style de Nicolas Pineau. Examen qui ne se basa pas uniquement sur le fonds de dessins du musée des Arts Décoratifs à Paris mais aussi, de manière plus tangible, sur les réalisations de Mansart de Sagonne pour autant qu’elles subsistent. En effet, du dessin à la pratique, il y a une marge et ce d’autant que la présence de Dominique sur certains chantiers a pu parfois fausser l’appréciation.

 

                                              Nicolas Pineau, agrafe fleurie, avant corps sur jardin, château d'Asnières, 1750, cl. Ph. Cachau

 

Les personnes intéressées trouveront ainsi dans ma thèse, une étude complète et inédite sur les deux hommes, leurs familles respectives, leur style et la nature de la collaboration entre architecte et ornemaniste au XVIIIe siècle sous le prisme Pineau ‒ Mansart de Sagonne.

Signalons que Fabrice Ouziel, architecte-décorateur parisien, avait procédé en 1991, avec Dominique Fernandes, à la rédaction de l’étude préalable sur le château d’Asnières dans le cadre du projet de restauration placé sous la conduite d’Hervé Baptiste, architecte des Monuments historiques. Il poursuivit de son côté l’examen de la carrière de Nicolas Pineau. Ce fut pour nous l’occasion d’échanges et de découvertes réciproques.

En 2009, je livrais partie de mes travaux sur l’ornemaniste dans mon ouvrage sur la cathédrale Saint-Louis de Versailles, une des réalisations majeures de Nicolas Pineau avec Mansart de Sagonne avant le château d’Asnières (ornements intérieurs et extérieurs dans les deux cas)7.

Cette publication fut précédée en 2008, dans le cadre des Cahiers Philidor du Centre de Musique baroque, de mon étude sur la maison des Italiens, rebâtie en 1752, dans l’ancien village de Montreuil, près de Versailles, devenu un quartier de la ville.

 

                                                Nicolas Pineau, trumeau de glace de la chambre n° 1 ou du marquis de Voyer, 1er étage, Asnières, 1751, cl. Ph. Cachau

 

Cette publication eut pour écho en 2011 et 2012, dans Les Cahiers d’Histoire de l’Art, celle sur le château de Jossigny (Seine-et-Marne), les ornements moulés de Pineau ayant été employés à une année d’écart (1753) sur les deux édifices situés d’un bout à l’autre de l’Ile-de-France.

En mars 2022, la publication des Amis du Château et du Vieil Asnières, Le Courrier du Château, informe les adhérents d’« un projet de catalogue raisonné du travail de Pineau ».

On regrettera une fois encore, comme pour l’ouvrage sur les décors de l’hôtel de Voyer dit « Chancellerie d’Orléans », paru en février dernier, que les principaux concernés n’aient pas été associés. L’esprit de cour et les amitiés valent mieux que la compétence, c’est là un mal bien français.

On peut être d’autant plus circonspect sur cette publication que le sujet Pineau ne se résume pas au fonds des Arts Décoratifs à Paris. La Suède et la Russie, comme indiqué plus haut, voire les États-Unis, disposent de fonds non négligeables. Avec le conflit en Ukraine, on sait d’ores et déjà que les fonds russes demeureront inaccessibles pour longtemps aux chercheurs occidentaux.

 

                                        Nicolas Pineau, agrafe symétrique avec festons, chapelle de la Vierge, cathédrale Saint-Louis, Versailles, vers 1750, cl. Ph. Cachau

 

Le sujet est en effet très vaste, tant furent nombreux les commanditaires et les collaborations des deux Pineau. Il s’agit donc d’un long et patient travail de fond que seuls les connaisseurs du sujet, mais aussi de l’art rocaille souvent négligé en France en matière d’architecture, sont en mesure de mener à bien8.

Les personnes souhaitant prendre connaissance de mes travaux sur Nicolas et Dominique Pineau, souvent peu connus de certains conservateurs et historiens de l’art, peuvent consulter ma thèse aux bibliothèques municipale de Versailles, du château de Versailles et de l’INHA. Outre des éléments inédits, ils y trouveront l’intégralité de la bibliographie jusqu’en 20049.

Bonne découverte !

 

                                                         Nicolas Pineau, ornements du frontispice de la cathédrale Saint-Louis de Versailles, 1743-1754, cl. Ph. Cachau

 

Mes travaux sur Nicolas Pineau :

-"Blondel et les Mansart : une leçon d’architecture particulière", Jacques-François Blondel, la dernière leçon d’architecture « à la française », actes du colloque international Jacques-François Blondel, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Aurélien Davrius (dir.), Bruxelles, 2022, p. 33-53.

-"Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, premier architecte des États de Bourgogne (1742-1746-1776), Revue Dijon Histoire et Patrimoine, n° 81, 2021, p. 17-29.

-"Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171. 

-"Le fabuleux ensemble de M. Boutin, rue de Richelieu", Paris au cœur, Bulletin de la Société historique et archéologiques des 1er et 2e arrondissements de Paris, n° 7, 2017, p. 7-9.

-"L’entrepôt général d’Asnières ou les beaux haras oubliés du marquis de Voyer (1752-1755)", Revue des Amis du Cadre noir de Saumur, n° 89, 2016, p. 57-60.

-"Le château de Christian IV, duc des Deux-Ponts, à Jägersburg. Un château français en Allemagne (1752-1756)", revue Francia, n° 39, Institut historique allemand, Paris, 2012, p. 135-165.

-"Le château de Jossigny : une réalisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne", Les Cahiers d'Histoire de l'Art, n° 9, 2011 (1ère partie), p. 52-71 et n° 10, 2012 (2e partie), p. 60-74.

-"Le château de Jossigny : une réalisation pittoresque de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1753)", Les Cahiers d’Histoire de l’Art, n° 9, octobre 2011, p. 52-71.

-"La maison des Musiciens Italiens de Montreuil à Versailles", Cahier Philidor, n° 35, décembre 2008, p. 1-59 (étude en ligne sur le site du Centre de Musique Baroque de Versailles, http://philidor.cmbv.fr).

-Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778), thèse d’histoire de l’art, Paris-I Panthéon-Sorbonne, juin 2004, Daniel Rabreau (dir.), 3 tomes.

 

      Réalisations de Nicolas et Dominique Pineau pour Jacques Hardouin-Mansart de

      Sagonne (1734-1754)

      -Maison des dames de Saint-Chaumont, rue Saint-Denis, Paris (1734)10.

      -Maison Poisson, 50 rue de Richelieu, Paris (1738)11.

      -Grand et petit hôtel Boutin + maison à loyer, rues de Richelieu et Saint-Augustin

      Paris (1738-1740)12.

      -Hôtel de Marsilly, rue du Cherche-Midi, Paris (1739-1740)13.

      -Château de la Source, Orléans (années 1740)14.

      -Maison Saint-Florentin (lycée Lamartine), 120 rue du Fbg Poissonnière, Paris

      (1740)15.

      -Église royale Saint-Louis de Versailles (1742-1754)16.

      -Château d’Asnières-sur-Seine (1750-1752)17.

      -Entrepôt général des haras d’Asnières (1752-1755)18 .

      -Maison Clautrier, 56 rue des Francs-Bourgeois, Paris (1752)19.

      -Maison des Italiens, 15 rue Champs-Lagarde, Versailles (1752)20.

      -Château de Jossigny, Seine-et-Marne (1753)21.

      -Château de Jägersburg, Deux-Ponts, Allemagne (1753-1756)22.

      -Maison à loyer dit « Pavillon Letellier », 14 rue du Maréchal Joffre, 

      Versailles (1754-1755)23.  

 

1.Voir ma thèse Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778), dernier des Mansart, Paris-I, juin 2004, t. I, p. 973-979 et notre article « Jacques-François Blondel et les Mansart : une leçon d’architecture particulière », actes du colloque Jacques-François Blondel, Cité de l’Architecture, Aurlien Davrius (dir.), Bruxelles, Mardaga, p. 33-49 (à paraitre en mai 2022).

2.Ibid, t. I, p. 334.

3.Ibid, p. 335-336.

4. Ibid, t. II, p. 1161-1177 et notre article "Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171.

5. Voir bibliographie dans le texte joint plus bas.

6. Elle fit suite à une maîtrise sur le même sujet effectuée en 1988-1989 à Paris-IV sous la direction d’Antoine Schnapper et de Claude Mignot.

7. Cf. La cathédrale Saint-Louis de Versailles, Paris, Somogy, 2009, p. 43-45.

8. Un jeune historien des Arts Décoratifs prétendit, avec belle assurance, nous livrer une leçon sur Nicolas Pineau sans s’être donné la peine de consulter préalablement nos travaux.

9. Les notes restent accessibles à ceux qui voudront consulter la thèse.

10. Maison de retraite des dames de la bonne société placée sous la protection des religieuses de Notre-Dame de Bon Secours, dite « de Saint-Chaumont ».

11. Maison de la mère de Mme de Pompadour et du mariage de celle-ci avec Charles-Guillaume Le Normant d’Etiolles.

12.Ensemble du financier Simon Boutin, receveur général des finances de la généralité de Tours.

13.Hôtel de l’entrepreneur parisien Claude Bonneau.

14.Château de Simon Boutin et sa descendance. Certains éléments décoratifs (boiseries, portes, cheminées, niches de poêle) ont été identifiés par nos soins et signalés en 2021 à la direction des Monuments historiques, DRAC Centre-Val-de-Loire, dont nous attendons la mise en protection (inscription ou classement).

15.Petite maison du comte de Saint-Florentin, ministre de la Maison du roi. Si les boiseries ornées de grotesques de la chambre au premier étage ont été classées en 1923, il n’en va pas de même de celles du salon au rez-de-chaussée, devenu secrétariat du lycée. Ces boiseries, encore couvertes d’anciens papiers peints dans les années 2000, attendent toujours aussi leur mise en protection. Elles ont été signalées à plusieurs reprises à la direction des Monuments Historiques, DRAC Ile-de-France, et pour mémoire en octobre2021. 

16.Premier chantier religieux de Louis XV.

17.Château de Marc-René de Voyer d’Argenson, marquis de Voyer.

18.Etablissement central des haras du roi de 1755 à 1764 au moins.

19.Appartements et bureaux de Gilbert-Jérôme Clautrier, 1er commis du Contrôle général des finances.

20.Petite maison de la comtesse d’Argenson et son amant, le marquis de Valfons.

21.Résidence de plaisance du parlementaire Claude-François Le Conte des Graviers.

22.Résidence de chasse du duc Christian IV des Deux-Ponts, prince palatin.

23.Maison à loyer du grand entrepreneur parisien Louis Letellier.

Jules Hardouin-Mansart, l'architecte-jardinier

On conçoit mal qu'un architecte puisse être jardinier et vice-versa.

La relecture des écrits d'Alexandre Gady sur l'activité jardinière d'Hardouin-Mansart dans son ouvrage collectif paru en 2010 et dans le catalogue de l'exposition Le Nôtre à Versailles en 2013, brillant dans la forme mais assez léger quant au fond*, m'a conduit à livrer ici un propos plus dense, extrait de mon ouvrage sur la dynastie Mansart (à paraitre).

Il m'a paru en effet important de rappeler à tous les amateurs de jardins et d'architecture des XVIIe-XVIIIe siècles, combien Hardouin-Mansart demeure un acteur important dans la conception des jardins à la fin du XVIIe et durant la première moitié du XVIIIe.

Cet aspect avait déjà été évoqué à plusieurs reprises par l'universitaire américain Thomas Hédin, s'agissant des jardins de Versailles et ce bien avant que les historiens français en soient pleinement conscients.

Fort des travaux de Bertrand Jestaz, le grand spécialiste de l'activité d'Hardouin-Mansart et des travaux récents sur le sujet, je livre donc au lecteur un propos général sur l'activité jardinière d'Hardouin-Mansart, tant dans les résidences royales (Versailles, Marly, Trianon) que dans les résidences princières ou divers châteaux français.

J'y rappelle l'apport de l'architecte-jardinier sur la base des concepts établis par Le Nostre et comment il s'en émancipa pour établir ceux qui devaient dominer la première moitié du XVIIIe siècle.

Ce propos entend amener le visiteur des jardins de Versailles à juger de la pertinence du retour au prétendu "état Le Nôtre" - il n'en est rien en vérité - voulu par Jean-Pierre Babelon en 1995, alors directeur de l'établissement public du domaine national, suite à la tempête survenue en février 1990.

Retour qui fut conduit de la fin des années 1990 au milieu des 2010 par Pierre-André Lablaude, architecte en charge des jardins de Versailles, suite à la dramatique tempête de décembre 1999. Il apparait, après analyse, bien illusoire en raison de l'impossibilité même de rétablir certains bosquets complexes (Labyrinthe, Théâtre d'Eau) mais aussi de l'évolution de nombreux bosquets sous le règne de Louis XIV comme nous le rappelons dans le propos en pièce jointe ci-dessous.

Contrairement au domaine de Trianon, auquel M. Lablaude sut redonner sa belle physionomie de la fin du XVIIIe siècle, les jardins de Versailles sont aujourd'hui un patchwork d'état divers (Le Nostre, Hardouin-Mansart, XVIIIe, XIXe et XXIe), bien loin de l'état voulu par le Roi-Soleil à la fin de son règne comme de l'état laissé par Louis XVI, suite à la replantation de 1774-1776, au départ de la cour en octobre 1789. Etat que nous fûmes nombreux à connaitre et à apprécier au cours du XXe siècle et ce jusqu'aux derniers aménagements des années 2010.

Un retour à l'état fin XVIIIe, celui du départ de la cour en 1789 précisément, pertinemment établi par Pierre de Nolhac il y a plus d'un siècle, s'imposera donc dans les décennies à venir afin de concilier enfin états intérieurs du corps central du château et état extérieur de ses parc et jardins.

C'est tout l'objet du propos ici délivré.

Bonne réflexion à tous !

Ph. Cachau, Jules Hardouin-Mansart, l'architecte jardinier, avril 2022Ph. Cachau, Jules Hardouin-Mansart, l'architecte-jardinier, avril 2022

 

           Jules Hardouin-Mansart, bassin de Latone par André Le Nostre, modifié en 1687, Versailles, cl. Ph. Cachau             Jules Hardouin-Mansart, bosquet de la Colonnade, Versailles, 1684-1686, cl. Ph. Cachau

 

Dernière nouvelle, mai 2022 : Hardouin-Mansart est l'auteur du dessin des parc et jardins du château de Sourches (Sarthe), exécutés par le jardinier du lieu de 1701 à 1712, pour François-Louis du Bouchet, marquis de Sourches (1685-17), grand prévôt de France à Versailles, gouverneur du Maine et célèbre mémorialiste du règne de Louis XIV. Son petit-fils Louis II du Bouchet fera travailler, au milieu du XVIIIe siècle, Jean Mansart de Jouy à Sourches et Abondant (Eure-et-Loir, boiseries au Louvre).

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*Le propos d'Alexandre Gady dans le catalogue Le Nötre de 2013 (p. 164-169) est en effet plutôt succinct et l'on comprend qu'il ait confié le sujet à Claude Mignot dans son ouvrage sur Hardouin-Mansart en 2010 (p. 113-123). Claude Mignot reprend la légende d'un Le Nostre formé par François Mansart quand Patricia Bouchenot-Déchin rappelle, à juste titre, qu'il était issu d'une dynastie de jardiniers du roi, originaires de Blois et établis à Paris à compter de 1570 (2013, p. 35). Le Nostre collabora aux côtés de François Mansart en tant que "Premier jardinier de Monsieur", frère du roi, Gaston d'Orléans, puis de Philippe d'Orléans, frère cadet de Louis XIV. Les deux hommes échangèrent leur expérience respective en matière d'architecture et de jardin mais aussi d'hydraulique.

Rappelons que les travaux d'Alexandre Gady sur Hardouin-Mansart se limitent à quelques publications, l'essentiel des recherches sur le sujet ayant été effectué par Bertand Jestaz depuis les années 1950-1960, quant à la vie et l'activité, publiées aux éditions Picard en 2008, et par mes soins, quant à sa succession et sa famille, dans ma thèse soutenue à Paris-I en 2004 (recherches effectuées depuis la fin des années 1980).

J'ai enrichi depuis lors substanciellement le corpus de l'oeuvre d'Hardouin-Mansart. Je regrette que ma participation à l'ouvrage de M. Gady fut réduite à la portion congrue et que je dus défendre la généologie indédite de l'architecte que j'avais soigneusement établie dans ma thèse. C'est d'ailleurs une généalogie erronée, et non la mienne, qui fut présentée à l'exposition du musée Carnavalet sur l'architecte en 2009. Il me parait important de livrer ces éléments d'informations au lecteur afin de connaitre les compétences réelles des uns et des autres sur le sujet Hardouin-Mansart.

 

Langeais Patrimoine : restauration et valorisation des églises de Langeais

Créée en janvier 2021, Langeais Patrimoine a pour objet la restauration et la valorisation patrimoniale des trois églises de la ville : Saint-Jean-Baptiste, Saint-Laurent, Notre-Dame-des-Essarts.

Pour plus d'informations :

www.langeais-patrimoine.fr

www.langeais-patrimoine.fr/adhesion.pdf

contact@langeais-patrimoine.fr

Emission Tilt, TV Tours, 16 mars 2022

(intervention à 7'24)

 

   Langeais, église Saint-Jean-Baptiste, transept et choeur, XIIe-XVe siècle et XIXe siècles, cl. Ph. Cachau

 

Les Gabriels, architectes en Touraine au XVIIe siècle

Célèbre dynastie d’architectes des XVIIe-XVIIIe siècles au même titre que celle des Mansart à laquelle ils étaient apparentées – une nièce de François Mansart, Marie Delisle, sœur de Pierre Delisle-Mansart et cousine germaine de Jules Hardouin-Mansart, avait épousé en 1663 Jacques IV Gabriel (vers 1639-1686) –, une branche des Gabriel va quitter sa Normandie d’origine pour s’établir au début du XVIIe siècle en Touraine avant de faire carrière à Paris et Versailles pour une partie d’entre eux.

Dans les années 1630, Jacques II Gabriel (1605-1662) quitta en effet Argentan (Orne), où demeura son frère aîné Maurice (1602-1649), afin de s’établir dans la riche contrée de Saint-Paterne, sise entre Tours et Le Mans, sur la route reliant les deux villes et où se trouvait l’importante abbaye de la Clarté-Dieu.

Ces terres fécondes devaient constituer, dans les années 1660, celles offertes par Louis XIV à sa maîtresse tourangelle Louise de La Vallière (née à Tours en 1644, ndlr) pour constituer le duché de La Vallière.

Ceci explique en partie pourquoi la descendance de Jacques II s’en alla œuvrer à Paris et Versailles après son décès en 1662 pendant que l’autre partie demeura en Touraine à Saint-Paterne où sont encore une partie de la famille.

 

          Jacques II Gabriel, grande terrasse du château de la Roche-Racan, Saint-Paterne, années 1630, cl. Ph. Cachau              Jacques II Gabriel, château de la Roche-Racan, Saint-Paterne, années 1630, cl. Ph. Cachau

 

La première et la seule réalisation attestée de Jacques II, en l’état actuel des connaissances, est le château de la Roche-Racan à Saint-Paterne, bâti au début des années 1630 pour Honorat de Bueil (1589-1670), seigneur de Racan, poète réputé du règne de Louis XIII, devenu l’un des premiers membres de l’Académie française créée par Richelieu en 1634-1635. Rappelons que ce dernier établira aussi en Touraine son château et une cité à proximité, au sud de la région où était aussi d’autres grands seigneurs parisiens (Le Bouthillier, Mexme Gallet …) ou poitevins (De La Trémoille).

Jacques II Gabriel se livra à La Roche-Racan a un intéressant jeu de terrasse dominant la vallée de l’Écotais et conçut un grand corps de logis perpendiculaire à la grande terrasse. Là, est encore visible, dans ce qui reste du logis, le bel escalier à rampe sur rampe, agrémenté de pilastres ioniques et à la belle stéréotomie, l'art de lier les pierres entre elles. Les proportions de l'ensemble sont un peu maladroites mais il dut faire sensation en son temps dans cette partie de la Touraine.

 

                                                        Jacques II Gabriel, grand escalier du  chateau  de la Roche-Racan, années 1630, cl. Ph. Cachaue

 

On peut aussi rendre à Jacques II, voire à ses fils Jacques IV et Pierre, ce dernier très actif dans le secteur, les superbes retables baroques de l’église de Saint-Paterne.

Les trois hommes ne manquèrent sans doute pas d’être aussi sollicités pour les retables et autres décorations baroques des environs, à l’abbaye de La Clarté-Dieu ou à la collégiale SS. Michel-et-Pierre de Bueil, entre autres.

 

           Les Gabriels, retables de l'église de Saint-Paterne, milieu XVIIe, cl. Ph. Cachau              Pierre Gabriel, décor de la chapelle du château de la Motte-Sonzay, vers 1685, cl. Ph. Cachau

 

Nos recherches sur le château de La Motte à Sonzay ont permis d’identifier l’activité de Pierre Gabriel (1649-1695) ‒ 3e fils de Jacques II, issu d’un second lit ‒ pour Marie-Anne de Bueil, épouse du comte Jean-Léonard d’Acigné et future mère du maréchal-duc de Richelieu.

En décembre 1685, Pierre Gabriel se vit commander le nouveau maître-autel de l’église de Sonzay, ensemble détruit à la Révolution. Il ne fait pas de doute qu’il est aussi l’auteur de la décoration baroque de la chapelle du château de La Motte, exécutée à la même période. La Motte était en effet depuis le Moyen Age un fief de la famille de Bueil et Jacques II, père de Pierre, avait réalisé celle de La Roche-Racan en 1635-1636. Ajoutons que l’activité de Pierre Gabriel à La Motte-Sonzay est attestée dès 1679.

Le frère aîné de Pierre, Jacques IV Gabriel quittera la Touraine pour Paris et Versailles en 1662-1663, donnant naissance à la branche des grands architectes du règne de Louis XV : Jacques V Gabriel (1666-1742), son fils, et Ange-Jacques Gabriel (1698-1782), son petit-fils.

 

     Jacques V Gabriel, Pavillon central de la place de la Bourse, Bordeaux, 2e quart du XVIIIe siècle, cl. Ph. Cachau          Ange-Jacques Gabriel, Colonnade du pavillon du Garde-Meuble, 1766, cl. Ph. Cachau

 

Les Gabriel, architectes en Touraine au XVIIe siècle, émission Tilt, TV Tours, 22 février 2022, vidéo

Bibliographie :

Michel Gallet - Yves Bottineau (dir.), Les Gabriel, éd. Picard, Paris, 1982, réédition 2004.

Jean-Marie Pérouse de Montclos, Ange-Jacques Gabriel, l'héritier d'une dynastie d'architectes, CMN, Paris, 2012.

Villandry au XVIIIe siècle : l’architecte du marquis de Castellane identifié

Considéré à juste titre comme l’un des grands châteaux Renaissance du Val-de-Loire, Villandry est resté largement dans l’état souhaité au XVIIIe siècle par le comte Michel-Ange de Castellane (1703-1782).

En 1754, il acquit la seigneurie et obtînt son érection en marquisat par Louis XV en 1758. Elle demeurera la propriété de sa famille jusqu’à la cession par son fils, Esprit-François-Henri, en 1791.

Pour parvenir à ses fins, Castellane engagea, dès 1755 et jusqu’au début des années 1760, la rénovation complète du château et des jardins. Il procéda ainsi à la création de nouveaux pavillons à l’entrée du domaine, aujourd'hui à l'entrée de la commune, puis à l’avant-cour du château qui fut étendue et réaménagée. Un vaste logis pour les communs fut créé à l’est et, à l'ouest, de nouvelles écuries avec manège et logement pour la domesticité.

Le marquis de Castellane compléta le jeu des terrasses du jardin par d'autres, à l’est et au sud. Il aménagea la cascade que l’on voit aujourd’hui ainsi que, au sud du domaine, le grand bassin polylobé disposé au centre des parterres en gazon.

Les célèbres carrés du potager, qui font aujourd’hui la renommée des jardins de Villandry, ont été rétablis au début du XXe siècle à partir de ceux qui apparaissent sur le plan cadastral napoléonien de 1808.

Michel-Ange de Castellane remit également les façades du château au goût du jour, dans le style rocaille du moment. Il réaménagea parallèlement l’intégralité des intérieurs afin de leur conférer la modernité, le confort et les commodités si appréciées au XVIIIe siècle. L’escalier Renaissance polygonal hors œuvre de la cour fut démoli et remplacé par le bel escalier rocaille actuel.

 

                                     Villandry dans son état milieu XVIIIe, cliché fin XIXe.

 

Enfin, le château et le parc se virent dotés de pavillons de même style, conformes au goût pittoresque du moment : les pavillons de la terrasse et de l’audience (années 1750).

Tous ces aménagements ont été relatés lors de notre conférence pour la Société archéologique de Touraine, le 12 janvier 2022. On en retrouvera le contenu dans l'article à paraître dans le bulletin 2023 de la société.

Cette conférence fut surtout l’occasion de dévoiler  - enfin - le nom de l’architecte employé par le marquis de Castellane. Son nom nous fut révélé dans une procuration du marquis datée du 30 juin 1768, conservée dans le fonds du château du Rivau – autre propriété tourangelle du marquis – déposé aux Archives départementales d’Indre-et-Loire : il s’agit d’un dénommé Jean-Baptiste Saint-Joire.

L’homme, domicilié au château de Villandry, se déclarait abusivement « architecte du roi ». Il n’existe en effet aucun architecte de ce nom dans les registres de l’Académie royale d’architecture. Ce titre dut cependant faire son effet dans l’entourage du marquis de Castellane. Il était peut-être originaire de la Meuse où se trouve une commune de ce nom (?). On ignore tout du personnage.

Tout élément permettant une meilleure connaissance de sa personnalité et de son activité est donc bienvenu.

Contact

 

          Jean-Baptiste Saint-Joire, Pavillon de la terrasse, Villandry, milieu XVIIIe, cl. Ph. Cachau            Jean-Baptiste Saint-Joire, Pavillon de l'audience, Villandry, milieu XVIIIe, cl. Ph. Cachau

 

Addendum : En avril 2022, c'est avec une satisfaction particulière que nous avons pu identifier également l'appartement des marquis de Castellane, père et fils, dans l'aile gauche du château, au bout de la galerie.

Cet appartement fut en service jusqu'au début du XXe siècle et sert aujourd'hui de réserve. Disposé ensuite de l'actuelle salle mauresque, ancienne chambre du marquis, il se composait en outre d'un cabinet, de lieu d'aisance, salle de bains, corridor d'accès à l'ancienne terrasse menant au logis de l'intendance, chapelle ou oratoire et sacristie.

On espère le voir restauré prochainement et inscrit dans le circuit de visite. Nous nous livrerons à une analyse plus fine de cet appartement dans notre article pour la Société archéologique de Touraine à paraitre en 2023.

Actualités tourangelles

 

Retrouvez ici l'actualité de mes conférences, publications et médias 2021-2022 :

 

Conférences

Métamorphoses de Villandry au XVIIIe siècle : les superbes aménagements du comte de Castellane (1756-1762), Société archéologique de Touraine, Chapelle Saint-Libert, Tours, mercredi 12 janvier 2022, 14h30.

De Pierre Meusnier à Charles De Wailly : panorama de l'architecture de Tours et de la Touraine au XVIIIe siècle.Cycle "Les jeudis de l'architecture", jeudi 9 décembre 2021, 18h30, Tours, Hôtel de Ville, salle des mariages.

 

Publications

"Les architectes Gallois et Lafargue au château du Petit-Thouars : un bel exemple de néo-gothique tardif (1873-1901)", Bulletin de la Société historique de Chinon Vienne & Loire - Amis du Vieux Chinon, t. XII, n° 6, 2022, p. 903-920 (parution mars 2022).

"Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne – Pierre Meusnier : la vraie histoire du Palais du Commerce de Tours, 1757-1759", Bulletin de la Société archéologique de Touraine, tome LXVI, 2020 (2021), p. 81-94 (parution avril 2021).

 

TV

Les Gabriel, architectes de Touraine au XVIIe siècle, Tilt, TV Tours, 22 février 2022

Le chantier de restauration de la chapelle Saint-Hubert d'Amboise (2021-2023) Tilt, TV Tours, 7 février 2022

Pierre Meusnier, un grand architecte tourangeau du XVIIIe siècle, Tilt, TV Tours, 17 janvier 2022

L'architecture tourangelle du XVIIIe siècle ; joyau méconnu en son pays, Tilt, TV Tours, 7 décembre 2021

 

Internet

Philippe Cachau retrace l'histoire du patrimoine local ! Interview Gâtine-Choisille-Pays de Racan, janvier 2022

 

Presse

Indre-et-Loire : un chercheur découvre une petite chapelle oubliée au château de Villandry, La Nouvelle République, 7 juin 2022

Un élu municipal à l’Institut de France, La Nouvelle République, 8 décembre 2021

Amboise : le dernier secret du relief de la chapelle Saint-Hubert révélé, La Nouvelle République, 9 octobre 2021

Amboise, le château royal, style Renaissance ou 19e siècle ?, La Nouvelle République, 9 octobre 2021

 

 

    Tours, maisons XVe-XVIe siècles remaniées au XVIIIe siècle, cl. Ph. Cachau

Avant-première publications 2021

En ces temps de partage mais aussi d’incertitude grandissante face à l’avenir (covid-19 et ses variants récurrents, etc), à l’heure où les ouvrages d’art sont souvent difficiles à monter, nous avons souhaité profiter de cette période des fêtes de fin d'année pour mettre en ligne les textes de nos prochains ouvrages* , sans les illustrations (ndlr), ces textes étant susceptibles d'évolution dans l'édition finale. 

Notre objet est d’éveiller ainsi la curiosité du public, des éditeurs et des mécènes intéressés par nos travaux scientifiques afin qu'ils ne demeurent pas le privilège des seuls historiens de l'art mais qu'ils soient connus du plus grand nombre.

Les sujets ici évoqués, souvent inédits, sont :

- la dynastie des Mansart , travail de recherche de plus de 30 ans. Un ouvrage neuf, complet et inédit  sur l'exemple de l'ouvrage collectif sur les Gabriel sous la direction de Michel Gallet et Yves Bottineau en 1983 (réédition en 2004). Une vision croisée des trois grands Mansart pour mieux comprendre la part d'influence et d'innovation de ceux qui furent parmi les architectes les plus appréciés de leur temps. Biographies et analyses de Pierre Delisle-Mansart et Jean Mansart de Jouy. Fortune critique inédite en fin de texte.

- la cathédrale Saint-Louis de Versailles et son importance dans l’architecture du règne de Louis XV et au XIXe siècle1 (étude pionnière sur l'administration royale des Economats, les entrepreneurs du roi Louis Letellier et Jean Rondel, leurs liens avec les architectes du roi Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne et Louis-François Trouard, le sculpteur-ornemaniste Nicolas Pineau, des pans entiers de l'évolution de la cathédrale aux XIXe et XXe siècles et plein d'autres choses sur les arts aux XVIIIe et XIXe siècles). 

- les château et haras d’Asnières avec leur corollaire sur la famille Voyer d’Argenson, son influence majeure dans le domaine des arts et du cheval au siècle des Lumières2 . Un ouvrage qui révèle des pans méconnus de l'histoire de cette grande commune des Hauts-de-Seine dont le destin et l'évolution aux XVIIe-XIXe siècles restent en grande partie à découvrir.

- le domaine impérial de Biarritz et le développement de la cité balnéaire sous le Second Empire, leurs conséquences sur le développement du sud-ouest de la France à cette époque (redécouvrez l'histoire d'un domaine impérial longtemps négligés des historiens au-delà de la seule Villa Eugénie, trop souvent évoquée, ainsi que la véritable évolution de Biarritz sous le Second Empire, d'après des documents inédits ou mal appréciés). 

- la fabuleuse histoire de l’Hôtel du Palais qui suivit avec son flot d’événements et de personnalités qui firent la réputation internationale de Biarritz aux XIXe et XXe siècles. Vous en rêviez : le voici !

Nous saisissons cette occasion pour rappeler qu'en histoire de l’art, comme dans toute discipline, il existe deux catégories de chercheurs :

1°) les sérieux, les travailleurs, ceux qui effectuent leurs propres recherches dans les sources archivistiques et bibliographiques, qui se déplacent, se renseignent, développent leur réflexion et écrivent eux-mêmes leurs articles et ouvrages.

2°) les dilettantes, les mondains, les gens établis qui ne font plus rien ou presque et vivent sur leur réputation, font travailler les autres, s’approprient leurs trouvailles, dénigrent, plagient, escamotent, organisent des comités scientifiques plus ou moins sérieux autour de leur personne, avec amis et connaissances pas toujours concernés par le sujet évoqué, entravent les publications, écrivent à plusieurs mains ou recourent à des "aides" ... Les nombreuses indélicatesses dont nous avons été l'objet ces dernières années de la part de gens bien connus de tous nous conduisent à cette observation pour que cela cesse au plus vite.

Bref, pour ne pas se tromper sur ceux que vous lisez ou découvrez.

Bonne lecture à tous !

 

* Cette mise en ligne vaut publication. Tout emprunt dans une publication quel qu'il soit, non signalé en bonne et due forme, fera l'objet de poursuites.

 

 Bains Napoléon, Grand Hôtel, au fond, à gauche, et Casino Bellevue, à droite, lithographie XIXe       Couverture ouvrage Mansart, Ph. Cachau, à paraître.       Biarritz, Hôtel du Palais, ancienne résidence impériale, cl. Ph. Cachau

                                                   

 

                      Mansart de Sagonne, avant-corps du château d'Asnières, côté jardin, 1750-1752             Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne : Cathédrale Saint-Louis de Versailles, 1742-1754, cl. Ph. Cachau

 

1.Texte révisé et annoté de l’édition de 2009. Préface de Mgr Luc Crépy, évêque de Versailles, décembre 2021.

2.Découvrez nos travaux sur ces fabuleux chantiers et cette superbe famille du siècle des Lumières, engagés depuis la fin des années 1980 (ndlr).

Sous la coupole de l'Institut de France : séance annuelle de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres 2020-2021

Suite à notre publication, au 1er semestre 2020, de la correspondance de Julien-David Le Roy avec le marquis de Voyer dans le Journal des Savants, nous eûmes le privilège d’être conviés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à sa séance annuelle 2020-2021, tenue le 26 novembre sous la coupole de l’Institut de France.

Prendre place sous cette magnifique coupole où tant de brillants esprits et de gens illustres ont  siégé, est un plaisir particulier qui vaut la peine d'être vécu au moins une fois dans sa vie, surtout en présence d'aussi grands noms des sciences humaines, Mme Hélène Carrère d'Encausse notamment.

Après le soutien apporté à notre ouvrage sur la cathédrale de Versailles en 2008, c'est la seconde fois que nous fûmes ainsi honorés par une Académie de l'Institut.

 

                       Arrivée dans la cour de l'Institut de France, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau                      Entrée dans l'amphithéâtre de l'Institut de France. Tombeau du cardinal de Mazarin par Coysevox et Le Hongre à l'arrière-plan, cl. Ph. Cachau

 

Cette séance s’est déroulée avec toute la solennité et le protocole d'usage : entrée des membres de l’Académie en habit vert avec haie d’honneur de la Garde républicaine et roulements de tambours, levée de l’assistance à ce moment.

 

                      Entrée solennelle des membres de l'Académie sous la coupole de l'Institut, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau                 Entrée des académiciens sous la coupole, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

La séance fut introduite par le discours de M. Yves-Marie Bercé, président de l’Académie, suivi de la lecture du palmarès des récompenses et prix accordés par M. Henri Lavagne, vice-président, et enfin par l’allocution de M. Michel Zink, secrétaire perpétuel.

D’une durée de deux heures, la séance s’acheva par les interventions successives de trois membres de l’Académie :

-M. Alain Thote sur le thème : « Littérateurs et érudits dans la Chine antique à l’épreuve de l’archéologie ».

-Mme Agnès Rouveret sur le thème : « “Les yeux érudits“ : de la collection des œuvres à la constitution des savoirs dans l’Antiquité ».

-Mme Nicole Bériou sur le thème : « Un penseur érudit au travail : Thomas d’Aquin ».

Interventions d’une vingtaine de minutes environ chaque fois.

 

                                                    Communication de M. Alain Thote. MM. Bercé, Lavagne et Zink, présidents de séance, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

La séance fut prolongée par la réception d’usage dans la grande salle de l’auditorium André et Liliane Bettencourt.

Ce fut pour nous, bien évidemment, un plaisir immense que d’être présent à cette assemblée annuelle. Nous adressons nos plus chaleureux remerciements à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres pour son aimable invitation. Elle marque toute l’attention qu’elle a accordé à nos travaux sur le marquis de Voyer et ses liens privilégiés avec Julien-David Le Roy, son conseiller artistique, membre réputé de l’Académie au XVIIIe siècle.

Le plaisir d’assister à cette séance fut pour nous d’autant plus grand que toutes ces dernières années furent marquées par une série de malveillances en tout genre d'un certain microcosme de l'histoire de l'art (plagiats, escamotages, spoliations de nos recherches et publications, désinformation) et autres personnalités en vue. La singularité, l’originalité et l’audace de nos recherches et travaux, souvent inédits, suscitent en effet parfois ce type de réactions déplorables dont nous nous ouvrirons sans doute un jour dans nos mémoires.   

 

                                                     Séance solennelle de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

De cette séance du 26 novembre 2021, on retiendra surtout le sentiment rassérénant de stabilité et d'érudition que procurent les Académies de l’Institut de France. Elles sont plus que jamais les gardiennes de la belle et grande tradition française de la culture et du goût du savoir. Comme évoqué en séance, trois mots animent l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres : érudition, curiosité et plaisir.

En ces temps de grandes incertitudes, où tout semble parfois perdu dans ce climat d’inculture et de médiocrité croissantes, d’incompétence et de vulgarité qui nous submergent depuis quelques années, elles sont là, immuables, fidèles à elles-mêmes, survivant aux guerres, aux révolutions, aux modes éphémères et au terrorisme intellectuel de quelques-uns.

 

                                Louis Le Vau, Coupole de l'Institut de France, fin XVIIe, cl. Ph. Cachau                   Ph. Cachau sous la coupole de l'Institut de France, 26 novembre 2021, cl. Ph. Cachau

 

Elles viennent nous rappeler combien elles sont là pour assurer la transmission et la diffusion du génie national, celui qui fait la réputation de notre pays à travers le monde, qu’elles récompensent à travers de nombreux prix remis aux chercheurs.

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres délivre ainsi chaque année une trentaine de prix - non des moindres - et attribue de nombreuses bourses et subventions. Ajoutons les quelques dix-sept médailles accordées aussi chaque année à titres divers. Elle assure enfin la proclamation des diplômes d’archivistes paléographes à l’issue de la formation de l’Ecole des Chartes.

Bref, un des hauts-lieux de l’excellence française, digne de ce nom, qui mériterait d’être évoqué davantage dans les médias.                                                            

Asnières : le château de Mme de Parabère dévoilé

Le 19 novembre, furent présentés aux Amis du château et du Vieil Asnières, dans le cadre de notre conférence sur le second château d'Asnières (1699-1750), les plans et l'élévation de ce château érigé en 1699 pour l'abbé Antoine-Louis Lemoyne, prêtre docteur en Sorbonne, chapelain de Notre-Dame de Paris et chanoine de la cathédrale d'Evreux.

 

                                                        Le château d'Asnières et son parc, annees 1700

 

Ce fut là un moment privilégié pour plusieurs raisons :

1°) Maintes fois évoquées par les historiens de la Régence et du début du règne de Louis XV, ainsi que dans le beau film de Bertrand Tavernier, Que la fête commence (1975), ce château qui abrita les amours du Régent, Philippe III d'Orléans (1674-1723), et de sa maitresse, la fameuse comtesse de Parabère (1693-1753), demeurait d'une physionomie totalement méconnue jusqu'ici. Elle fut révélée à travers les plans du rez-de-chaussée et du premier étage, du plan général amendé (basse-cour, cour et jardins) et de l'élévation principale côté jardin - valable pour la cour également - que retrouvés par nos soins en début d'année 20211.

2°) L'architecte Jean-François Lepaultre (165?-1703), frère aîné du sculpteur du roi Pierre Lepaultre (1659-1744) et neveu de l'architecte du roi Antoine Lepaultre (1621-1679) était aussi ignoré jusqu'ici des historiens de l'art2. Ce fut pour nous l'occasion d'évoquer cette personnalité totalement méconnue de l'architecture du XVIIe siècle dont le second château d'Asnières constitua l'une des toutes dernières réalisations, la seule attestée en l'état actuel des connaissances. Nous lui rendîmes au passage la reconstruction de l'église à compter de 1703, consacrée en 1711, dont la belle façade classique, conforme à son esprit, demeura en place jusqu'en 1929.

 

                          Jean-Baptiste Santerre, le Regent et Mme de Parabere en Minerve, château de Versailles, vers 1716                      Jean-Baptiste Greuze, Claude-Henri Watelet, Louvre, 1765

 

3°) Cette conférence fut aussi l'occasion d'évoquer la présence d'un certain nombre de personnalités dont et surtout celle du grand collectionneur, auteur et graveur Claude-Henri Watelet (1718-1786), locataire du château dans les années 1740 avant son installation en 1750 sur l'autre flanc de cette boucle de la Seine, à Colombes, au domaine de Moulin Joli. Domaine qui devait contribuer à sa notoriété en matière de conception de jardins, dits "pittoresques" ou anglo-chinois, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Moulin Joli trouve en effet son origine à Asnières. Là, Watelet y réalisa une série d'œuvres - ses toutes premières - qui demeurent à identifier, ainsi qu'un théâtre dans le parc, le premier d'une série de trois au XVIIIe siècle.

4°) Enfin, l'origine de la notoriété du village bucolique d'Asnières fut rappelée par la présence, dès le milieu du XVIIe siècle, d'importants membres de la Maison palatine : Anne de Gonzague de Clèves (1616-1684), duchesse de Mantoue, qui, par son union avec le duc Edouard de Bavière, comte palatin du Rhin (1625-1663), allait donner naissance à une nouvelle branche des Wittelsbach à travers ses filles Louise-Marie, princesse de Salm (1647-1679), Anne-Henriette-Julie, princesse de Bourbon-Condé (1648-1723) et Bénédicte-Henriette, duchesse de Brunswick (1652-1730). Cette dernière, ainsi qu'Anne-Marie de Bourbon-Condé (1675-1700), furent inhumées dans la vaste demeure asnièroise.

Avec son superbe parc à la française, celle-ci constitua, de l'autre côté de la grande place du village, le pendant du château que nous connaissons, autrefois en bordure de Seine. Cette importante propriété mériterait amplement d'être étudiée, ainsi que nous le rappelâmes, notamment, aux étudiantes en 'histoire de l'art de l'université Paris-X Nanterre qui étaient présentes. Cet aspect de l'histoire d'Asnières demeure, en effet, encore largement ignoré.

 

                      Jean-François Le Paultre, projet de modification de la cour et de la basse-cour, 1698.               Jean-François Le Paultre, projet de modification des jardins, détail, 1698.

 

La révélation du plan de ce second château au rez-de-chaussée nous permit de conforter l'attribution, publiée en 2013, de la salle à manger du château actuel à Charles De Wailly en 1754-1755, attribution qui nous fut longtemps contestée par le conseiller scientifique de MM. Hervé Baptiste et Frédéric Didier, architectes des Monuments Historiques successifs en charge du château3. Cette salle à manger n'apparait pas sur le plan et ce d'autant moins que le château actuel fut entièrement rebâti à l'emplacement du précédent.

L'intégralité des plans et l'élévation feront l'objet d'une prochaine publication.

 

Notes

1.Nous remercions Alexandre Cojannot, conservateur aux Archives Nationales, de son aimable contribution à ces reproductions. Elles seront reproduites dans un prochain bulletin des Amis du château.

2. Tous ces artistes signent leur nom sous cette orthographe et sous cette forme.

2.On lui doit l'erreur d'interprétation du buste du roi Louis XV sous le vase de fleurs de l'avant-corps central au lieu et place du monogramme de Voyer d'Argenson, ainsi que la couleur grise des boiseries de la galerie au lieu de la couleur vert d'eau, réchampie vert foncée, conservée derrière un des volets. Sur cette salle à manger, voir nos articles : "Le «goût de la bâtisse» du marquis de Voyer",  Journée d'histoire du château des Ormes, annales 2013, p. 30 ;  "Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171.

Mansart de Sagonne, De Wailly et le marquis de Voyer aux Archives Nationales

Le hasard fait parfois bien les choses : aurait-on pensé voir réunis un jour aux Archives Nationales, haut-lieu de la mémoire française, les deux architectes successifs de Marc-René de Voyer d'Argenson, marquis de Voyer (1722-1782) : Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne (1711-1778) et Charles De Wailly (1730-1798)* ? !

Au-delà de ces deux architectes, ce sont leurs sculpteurs ornemanistes attitrés qui se retrouvent également au sein du vaste quadrilatère des Archives Nationales : Nicolas Pineau (1684-1754) pour le premier ; Augustin Pajou (1730-1809) pour le second.

Découvrez dans l'album photos, les clichés de l'inauguration des splendides décors de l'hôtel de Voyer, dénommés faussement "de la Chancellerie d'Orléans" depuis le XIXe siècle, le 19 octobre 2021, par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, propriétaire des décors, aujourd'hui installés au rez-de-chaussée de l'hôtel de Rohan-Strasbourg.

Cette opération consacre, de manière inespérée, nos travaux scientifiques sur ces artistes, engagés depuis la fin des années 1980.

Le miracle de ces merveilleux décors est d'autant plus surprenant qu'ils dormaient depuis plus d'un siècle dans un entrepôt de la Banque de France à Asnières-sur-Seine, là même où le marquis de Voyer avait entamé sa fabuleuse aventure de grand mécène du siècle et ce à compter des années 1750** ! 

 

       Maurice-Quentin Latour : Marc-René de Voyer d'Argenson, marquis de Voyer, 1751, Saint-Quentin           Le grand salon, 1765-1769, cl. Ph. Cachau

 

*Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne est l'architecte de la maison Clautrier (1752), au 56 rue des Francs-Bourgeois, ex-directions des Archives Nationales, et Charles de Wailly est l'architecte des décors des l'hôtel de Voyer présentés au bas de l'hôtel de Rohan-Strasbourg.

**Rarement personnalité privée aura autant bâti et dépensé en matière de demeures et de décors au XVIIIe siècle : Paris, Asnières, Les Ormes, La Guerche, Argenson et bien d'autres lieux. Bâtiments qui étaient souvent d'une ampleur exceptionnelle.

Catalogue en ligne de la statuaire de Versailles et Trianon par Alexandre Maral, 2021

Depuis fin juillet 2021, a été mis en ligne le catalogue d'Alexandre Maral sur la statuaire de Versailles et de Trianon du XVIIe au XXe siècle.

https://sculptures-jardins.chateauversailles.fr/essais/remerciements.php#hn

Ce travail colossal, tant attendu, auquel nous avions pris part de juin 2006 à septembre 2007 à la suite de Roland Bossart, documentaliste du château, en collaboration avec lui et l'auteur,  demeure le meilleur souvenir que nous ayons conservé de notre passage à la conservation du château de Versailles.

Ce fut pour nous l'occasion de remettre sur pied le travail effectué par Simone Hoog, prédécesseure d'Alexandre Maral à la conservation des sculptures, en complétant substanciellement le nombre des fiches des statues et reliefs que connut le domaine de Versailles depuis sa création. Travail de recherche (sources, bibliographie, iconographie) qui servit de base à son tour à celui des nombreux collaborateurs qui suivirent depuis ce temps.

Ce fut là aussi pour nous un moment de découverte passionnante d'une foule d'oeuvres insoupçonnées.

Bref, une autre vision de Versailles, premier musée statuaire en plein air du monde, au-delà de la peinture et de l'architecture.

 

    Pierre I Legros, L'Eau, 1681, cl. Ph. Cachau