Au XIXe siècle, Biarritz fut largement dominée par le style néo-Louis XIII, dénommé parfois "Louis XIV" à cette époque, avec ses façades de brique ou de fausse brique et de pierre.
Cette esthétique était issue de la demeure impériale de Napoléon III et d'Eugénie, dite "Villa Eugénie", et d'autres bâtiments du domaine impérial (pavillons d'entrée, écuries, chapelle). La villa - château devrait-on dire - était inspirée du premier château de Versailles de Louis XIII et Louis XIV.
L'esthétique de fausse brique de certains hôtels, immeubles et villas fut abandonnée au cours du XXe siècle, particulièrement à partir des années 1960-1970, au profit d'un crépis rouge et monotone qui se répandit partout par facilité et souci d'économie.
L'esthétique de la Biarritz impériale de Napoléon III, outre la Villa Eugénie, était aussi héritée de celle de Louis XIV dans sa ville de Versailles.
Découvrez donc dans Album photos les différents aspects de cette esthétique dénaturée par le temps au point de modifier totalement notre perception de ce que fut Biarritz sous Napoléon III et à la fin du XIXe siècle.
Le récent ravalement uniforme de l'Hôtel du Palais (2018-2020) témoigne de ces pratiques malencontreuses qui ont la vie dure ...
Découvrez l'histoire et l'architecture de la Biarritz de Napoléon III sous le prisme méconnu de Versailles et de Trianon. Informations et inscription dans Conférences.
François-Joseph Bélanger (1744-1818) fut l'un des architectes majeurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
On trouvera la diversité de ses talents consignée dans le programme du colloque ci-dessous, organisé à l'occasion du bicentenaire de sa mort.
Bélanger est surtout connu pour avoir tenu le pari donné par le comte d'Artois - futur Charles X - à sa belle-soeur, Marie-Antoinette, d'ériger un nouveau pavillon de plaisance en moins de trois mois : celui de Bagatelle. Pari tenu (septembre - novembre 1777) !
Ce prodige vaudra à l'architecte la commande, la même année, de la Folie Saint-James à Neuilly par Claude Baudard de Vaudésir, baron de Saint-James. Bélanger réalisera aussi pour le comte d'Artois, cette année-là, la fameuse salle à manger néo-classique du château de Maisons (1777-1784).
Le comte d'Artois avait recruté Bélanger, dont il fut le premier architecte de sa maison en 1778, sur la recommandation de Marc-René de Voyer d'Argenson, dit le marquis de Voyer (1722-1782), ainsi que l'indique une lettre de l'architecte à celui-ci du 22 août.
Le marquis était réputé, en effet, pour son goût sûr et audacieux, ainsi que la protection accordée à de nombreux artistes par ses différentes commandes : château et haras d'Asnières ; réfection et nouveaux décors de l'hôtel de Voyer au Palais-Royal ; château, haras et grange-écurie des Ormes (Vienne), autant de réalisations que l'on trouvera évoquées sur ce site.
En 1778, Bélanger marqua sa reconnaissance au marquis pour la recommandation accordée auprès d'un autre commanditaire prestigieux : Lord Shelburn à Londres. Il lui confirma son rôle éminent dans les arts de son temps : "non seulement vous êtes l'ami des Arts", lui écrit-il, "mais vous méritez d'être le père des artistes" !
Bélanger et Voyer avaient de nombreux liens à commencer par celui de son maître, Julien-David Le Roy, pionnier de l'hellénisme français, membre des Académies royales d'Architecture et des Inscriptions et Belles-Lettres. Le Roy était le protégé et le conseiller du marquis depuis les années 1750.
Il y eut aussi la proximité de Bélanger avec Charles De Wailly, architecte du marquis à partir des années 1750 : décors de la salle à manger du château d'Asnières (1754), de l'hôtel de Voyer (1762-1770), constructions du corps central du château et de la grange-écurie des Ormes (1766-1783).
Bélanger était aussi proche de l'élève et collaborateur de De Wailly, Bernard Poyet, qui œuvra sur les derniers chantiers évoqués.
Bélanger et Voyer avaient d'autres points communs : l'Angleterre - l'architecte s'y rendit à deux reprises (1773 et 1778) - et le cheval : par sa maîtresse, la fameuse cantatrice Sophie Arnoult, l'architecte travailla à l'hôtel parisien et au haras de Canisy en Normandie, propriété de Louis-Félicité de Brancas, comte de Lauraguais, ami de longue date du marquis de Voyer.
La relation entre Voyer et Artois s'était établie, quant à elle, par l'intermédiare de Louis-Philippe-Joseph, duc de Chartres, futur duc d'Orléans, intime des D'Argenson et cousin d'Artois.
La proximité de leurs domaines en bordure de Seine (châteaux de Neuilly et d'Asnières pour Voyer d'Argenson, Bagatelle et Maisons pour Artois), leurs goûts communs de l'Angleterre, des arts et surtout des chevaux avaient servi également leur relation.
C'est par ce biais qu'elle se fit en effet : en 1775, date d'acquisition de Bagatelle par le comte d'Artois, le marquis de Voyer vendit des pur-sang anglais, issus de ses haras des Ormes, au duc de Chartres. En 1777, Artois en souhaita pour la réalisation de ses haras de Maisons, établis dans les écuries du château.
Voyer lui prodigua parallèlement des conseils pour la nouvelle salle à manger du château de Maisons, lui recommandant Bélanger à cet effet. L'architecte était alors au service de la Couronne comme dessinateur des Menus Plaisirs depuis 1767.
Parallèlement à Maisons, Bélanger devait réaliser, en 1778, les écuries du comte, rue d'Anjou, à Paris, là même où Voyer avait les siennes, puis celles de son épouse à Versailles en 1783.
Ce sont là des aspects méconnus de l'histoire de ces deux hommes emblématiques d'un certain art de vivre à la française au XVIIIe siècle.
Aspects qu'il nous a paru important d'évoquer et de partager à l'occasion de ce colloque.
programme colloque Bélanger, décembre 2018
Références :
Poitiers, Bibliothèque universitaire, fonds ancien, Archives d'Argenson.
Nicole de Blomac : Voyer d'Argenson et le cheval des Lumières, Paris, éd. Belin, 2004.
Le château de Versailles rend hommage, du 6 octobre 2018 au 3 février 2019, à Louis-Philippe, roi des Français, qui décida, en 1833, de consacrer le site "À toutes les gloires de la France" par la création d’un grand musée de l’histoire de France, depuis Clovis à 1830, date de son arrivée sur le trône.
Ce musée fut inauguré le 10 juin 1837 et ouvrit ses portes, dès le lendemain.
L’exposition, dont la commissaire est Valérie Bajou, était envisagée depuis une dizaine d’années au moins mais elle n’avait jamais pu voir le jour jusqu'ici.
Longtemps, en effet, depuis Pierre de Nolhac (1859-1936), conservateur du château de 1892 à 1919, le musée de l'Histoire de France de Versailles demeura honni de la conservation. Seul l’Ancien Régime retenait alors toute son attention.
Plus généralement, hormis, l’ère napoléonienne au Grand Trianon, le XIXe siècle demeurait proscrit, suivant le goût général en France au XXe siècle.
À partir des années 1970-1980, les choses évoluèrent peu à peu, quand, suite à la loi programme de 1978, on décida de conserver le musée de Louis-Philippe dans les ailes nord et sud – emplacement d’anciens appartements princiers (aile sud) et courtisans (aile nord) – et de rétablir dans le corps central, l’état d' Ancien Régime, celui du 6 octobre 1789, date du départ de la cour.
Cette exposition permet de découvrir les superbes salles élaborées dans le goût du temps, à savoir celles des Croisades, sur Napoléon et de 1830, mais aussi, et surtout, les trois salles relatives à la conquête de l’Afrique du nord (Constantine, Smala et Maroc), confiées au grand peintre Horace Vernet (1789-1863). C’est en effet avec Louis-Philippe que s’ouvre l’ère coloniale de la France.
Demeurées inaccessibles depuis des lustres, ces salles - qui servirent tour à tour de réserves, puis de lieux d’exposition - sont enfin dévoliées dans leur état originel.
Mais Louis-Philippe à Versailles, ce n’est pas que le château et son musée historique.
Lors de ses séjours dans la cité royale, comme Napoléon, le roi des Français logeait au Grand Trianon et ce dès 1833.
Pour lui et sa nombreuse famille, il décida le réaménagement des lieux en 1835. Il fit ainsi établir une chapelle dans l’aile de Trianon-sous-bois. Chapelle où sa fille Marie-Christine-Caroline-Adélaïde (1813-1839) épousa, en octobre 1837, le prince allemand Alexandre de Wurtemberg (1804-1881).
Outre les appartements bien connus et encore visibles de la reine des Belges – sa fille Louise-Marie-Thérèse (1812-1850) – et le salon de famille, réalisé à l’emplacement de deux salons de Louis XIV, le roi des Français fit installer son appartement au bout de l’aile sud qui ouvrait sur les jardins et le Grand Canal, derrière l’ancienne salle du conseil de Louis XIV.
Il installa sa chambre, qui était aussi celle de Marie-Amélie – le roi et la reine couchaient bourgeoisement dans le même lit ! - dans celle de l'impératrice Marie-Louise au début du siècle. Le lit de Louis XVIII aux Tuileries fut disposé là et agrandi pour l'occasion.
Les enfants du couple royal furent installés, quant à eux, dans la partie nord du Grand Trianon, ses cinq fils étant à Trianon-sous-Bois.
Depuis 2016, l'appartement de Louis-Philippe fait l’objet d’un rétablissement complet dans ce qui était, jusqu'alors, les appartements des hôtes de marque de la France. Appartement établis en 1966, à la demande du général de Gaulle, à l'occasion de la restauration du palais.
Ce rétablissement de l'appartement Louis-Philippe est mené par le talentueux Jérémie Benoit, conservateur en chef en charge des Trianons, auquel on doit la superbe restauration, dans son état Premier Empire, des intérieurs de la maison de la reine au hameau. Une restauration inaugurée en juin 2018.
M. Benoit a sorti des réserves, tout le mobilier Louis-Philippe, demeuré entreposé là depuis l’ère Pierre de Nolhac. Ces appartements pourront être découverts prochainement. Un pas de plus vers l’état XIXe du Grand Trianon.
Pendant ses séjours à Versailles, Louis-Philippe et sa famille venaient aux offices à la cathédrale Saint-Louis.
En octobre 1837, soit quelques mois après l’inauguration du musée historique du château, il assista au Te Deum donné suite à la prise de Constantine (Algérie), le 13 du mois.
Le début de son règne fut marqué par le rétablissement de la chapelle axiale de la Vierge : en 1835, on commanda à l’artiste tyrolien Dominique Malkenecht (1793-1876), dit aussi Molkenecht, une statue de la Vierge à l’enfant en marbre, présentée au Salon du Louvre en 1837.
L’artiste s’était distingué alors par une Assomption de la Vierge pour la cathédrale de Metz (1835-1836). La commande rendait hommage à la Vierge pour avoir protéger la cité royale de l’épidémie de choléra qui avait sévi à Paris et ses environs en 1831-1832.
La réalisation de cette statue devait conduire au rétablissement complet de la chapelle dans les années 1840.
En 1843, Mgr Louis Blanquart de Bailleul, évêque de Versailles, décida la réfection de l’autel et fit disposer, par la fabrique, la balustrade en marbre que l’on voit aujourd’hui. Ces marbres étaient issus de la Petite Venise, près du Grand Canal, où se trouvaient différentes margelles des bassins du parc.
En 1847, la statue de Malkenecht, disposée jusqu’alors sur un piédestal, trouva enfin place au-dessus de l’autel, conformément au souhait des fidèles.
On réalisa, cette année-là, la gloire baroque ornée de têtes de chérubins. L’ensemble remplaçait le tableau de Hyacinthe Colin de Vermont, La présentation de la Vierge au Temple (1755), installée là depuis le milieu du XVIIIe siècle. Tableau visible, aujourd'hui, dans une chapelle latérale de la nef.
La restauration de la chapelle de la Vierge s’acheva par la réalisation des vitraux de l’Annonciation et de l’Assomption, confiés à Achille Devéria (1800-1857), célèbre peintre et lithographe de l’ère romantique, que Louis-Philippe avait sollicité pour son musée historique et le vitrail de la chapelle du Grand Trianon.
Exécutés par la manufacture de Sèvres, ces superbes vitraux furent installés en juin 1848. Le roi des Français était alors déchu depuis la révolution survenue en février. En mars 1847, il avait offert sur sa liste civile, le vitrail de l’Assomption, en gage de bienfaisance à la ville de Versailles.
Après la visite de l’exposition du château, pensez aussi à parachever votre périple par celle de ces deux sites emblématiques de la présence du roi des Français à Versailles.
Découvrez cet été Arteaga, la résidence médiévale méconnue de Napoléon III et d'Eugénie au Pays basque espagnol.
Ils n'y résideront jamais quoiqu'elle figurât parmi les résidences de la liste civile.
Venez découvrir sur les bords de l'Essonne, un des hauts lieux de la biodiversité en Ile-de-France : le domaine départemental de Montauger. Installé dans les vestiges d'un château du XVIIIe siècle, oeuvre de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, il a été inauguré le 30 juin dernier. Partez à la rencontre d'une faune et d'une flore exceptionnelles et naviguez, durant les chaleurs d'été, sous les délicieux ombrages d'une rivière pleine de charme. Clichés et explications dans l'Album photos.
Colloque international, organisé par les Universités Paris-Nanterre et Bordeaux-Montaigne (CLARE), avec le soutien de l’Université Paris-VIII et du Musée du Louvre. Université Paris-Nanterre, le 30 mai, Musée du Louvre, auditorium, les 31 mai et 1er juin 2018.
Colloque international Paris, Nanterre-Louvre, 30 mai-1er juin 2018
Sur ce thème, voir Musée municipal de Libourne : la peinture au féminin (XVIe-XXe siècles).
De Jules Hardouin-Mansart à Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne ou de Lévy en passant par Pierre Delisle-Mansart, les Mansart ont toujours souhaité attacher leur image à celle de la dynastie régnante des Bourbons.
Quand une dynastie d'architectes entend jouer un rôle éminent dans le fief de l'une des plus illustres dynasties de la monarchie française ...
À découvrir dans mon dernier article pour la Société d'Émulation du Bourbonnais.
Jacques-François Blondel (1705-1774) fut le grand maître de l'enseignement de l'architecture en France au XVIIIe siècle.
Découvrez le programme du colloque et inscrivez-vous sur le site de la Cité de l'Architecture dans Conférences.
Voyez aussi le propos de ma conférence sur les liens de l'architecte-enseignant avec les Mansart.
Le dernier numéro du Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français, année 2013, paru début 2017, présente une série d'articles passionnants ainsi que d'exceptionnelles signatures.
Vous trouverez mon article "Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)" (p. 139-171) aux côtés de :
-Emmanuelle Loizeau, docteur en histoire de l'art au Centre André Chastel : "Le château de Chilly : question d'attribution et de restitution" (p. 9-30).
-Pierre Rosenberg, ex-président du musée du Louvre : "Les cinq Poussin des Reynon" (p. 31-40).
-Henriette Pommier, ingénieur CNRS en histoire de l'art à Lyon : "Richesse insoupçonnée d'une collection lyonnaise du XVIIe siècle. Les Reynon, marchands de soie et fabricants" (p. 41-63).
-Alexandre Maral, conservateur au Château de Versailles : "Lieux secrets de Versailles : les annexes de la chapelle royale dans l'aile du Nord" (p. 65-101).
-Yves Beauvalot, ex-directeur du CARAN : "Jean-Baptiste et Edme Bouchardon à Dijon (1716-1729) : nouvelles approches et découvertes" (p.103-137).
-Jean-Loup Champion, directeur de collections Gallimard : "Jean-François-Théodore Gechter (1796-1844), sculpteur romantique et ses éditions de bronze : un album inédit" (p. 173-254).
-Patrice Roquefeuil, historien de l'art : "Une autre Ruche : les ateliers de la rue Aumont-Thiéville à Paris 1884-1914" (p. 255-296).
-Nicole Tamburini, historienne de l'art : "Les carnets du chanoine Gabriel Sarraute (1893-1991) : un homme d'église passionné d'art et proche des artistes de son temps" (p.297-323).
Numéro disponible auprès des Editions de Boccard, 4 rue de Lanneau, 75005 Paris.
Découvrez dans le dernier numéro de la revue Château de Versailles, n° 26, juillet-septembre 2017, quelques aspects de la passionante correspondance entre la marquise de Pompadour et le duc des Deux-Ponts, Christian IV, prince palatin.
Un éclairage inédit sur les échanges politiques, militaires et culturels entre la France et l'Allemagne au milieu du XVIIIe siècle.
La publication de cette correspondance est envisagée aux éditions Hommel.
En juin dernier, nous avons eu le plaisir d’avoir confirmation par sa grande spécialiste, Ariane James-Sarazin, conservatrice du patrimoine, de l’authenticité du portrait de Madeleine Bernard par Hyacinthe Rigaud (1659-1743).
Un portrait qui n’était, jusqu'ici, qu’attribué à l'un des maîtres du portrait français des XVIIe-XVIIIe siècles.
Madeleine Bernard (1684-1716) était la fille du fameux banquier de la Cour, Samuel Bernard (1651-1739), l’un des hommes les plus fortunés de son temps.
Le portrait fut réalisé, semble-t-il, à l’occasion de son mariage en 1701 avec le fils de l’autre grande personnalité du règne de Louis XIV, Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), Premier architecte du roi et Surintendant des Arts, Jardins et Manufactures, autrement dit son ministre des arts.
Après les brillants mariages de ses deux filles - Catherine-Henriette avec le financier Claude Lebas de Montargis et Catherine avec Vincent Maynon, conseiller au Parlement -, Hardouin-Mansart entendait terminer en apothéose l’union de son dernier enfant survivant, son fils, Jacques (1677-1762), alors conseiller à la première Chambre des Enquêtes du Parlement de Paris.
Ce mariage, célébré en janvier 1701 à Paris, fut considéré comme le mariage du siècle : deux des plus grosses fortunes de France, voire d'Europe, unissaient leurs enfants !
Les portraits des époux, conservés dans la descendance de la famille Bernard jusqu’à présent, présentent le même format ovale et deux cadres quasi-identiques. Ils sont tournés l'un vers l'autre. L’attribution du portrait de Jacques Hardouin-Mansart à Rigaud est rejetée par Ariane James-Sarrazin.
Ceci est d’autant plus surprenant que de nombreux membres de la famille Hardouin-Mansart furent portraiturés par l’artiste, à commencer par l’architecte lui-même, son beau-frère Robert de Cotte (1656-1735) ou son gendre Lebas de Montargis. Rappelons que Rigaud vécut et mourut rue Louis-le-Grand, dans une maison (n° 1, plaque sur la façade) qui se trouvait à deux pas de celle que possédait Hardouin-Mansart, rue neuve des Petits-Champs (actuelle rue Danielle Casanova, nos 4-6, à l’angle de la rue d’Antin). Maison qui échut à sa fille Catherine-Henriette à son mariage en 1693.
Nous ne doutons pas que le portrait de Jacques fut confié à un autre grand maître du genre dont de prochaines analyses devraient permettre l’identification. Je lance, pour ma part, l'hypothèse d'un des portraitistes de son père, quelque peu oublié aujourd'hui mais réputé en son temps : Joseph Vivien (1657-1734). L'avenir le confirmera mais on sait qu'il réalisa, lui aussi, le portrait d'un autre membre de la famille : Robert de Cotte.
Après une premier examen visuel de l’œuvre par Ariane James-Sarrazin, le visage de l’épousée est bien de la main de l’artiste. Des radiographies devraient confirmer, là aussi, si le vêtement est de lui ou de l’atelier.
L’originalité de ce portrait réside, notamment, dans les rehauts de blanc de la chevelure au naturel, peinte comme s’ il s’agissait d’une perruque poudrée. Le portrait, extrêmement sobre, voire négligé pour une fille de banquier, est loin des portraits grandiloquents auxquels le peintre nous a habitués pour ce type de personnalité.
Le mariage de Jacques Hardouin-Mansart et de Madeleine Bernard ne tiendra pas longtemps. La réputation de libertins des deux époux était alors bien établie. Dès 1702, Jacques se liait avec une aventurière, originaire de Toulouse, Madeleine Duguesny ou Duquesny (16-1753), avec laquelle il aura plusieurs enfants dont les survivants furent les architectes Jean Mansart de Jouy (1705-1783) et Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dit aussi de Lévy (1711-1778).
Cette liaison adultérine fit scandale à Paris et à Versailles. Une séparation de biens du couple intervint en 1709. Samuel Bernard réclama réparation à Hardouin-Mansart, puis à sa famille jusque dans les années 1720 et ce, malgré le décès de Madeleine en novembre 1716. Le scandale entre ces deux figures éminentes du règne de Louis XIV avait été trop grand.