Découvrez dans Versailles + de mai-juin 2023, le dernier volet des Mansart à Versailles à travers l'oeuvre de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778).
Désormais, il n'y a pas que Jules Hardouin-Mansart à Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles !
À lire ici :
Mansart de Sagonne à Versailles, Versailles +, mai-juin-2023, p.26-27 pdf
Outre les Mansart, objet de mes études depuis plus de 30 ans, mes recherches archivistiques m’ont conduit depuis une douzaine d’années à rendre divers bâtiments à des architectes méconnus jusqu'ici.
Voici la liste de ces identifications avec les dates et publications correspondantes :
Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895)
Résidence impériale d'Arteaga (Espagne, 2023)9
Louis Gallois (1827-1893)
Château du Petit-Thouars (Indre-et-Loire, 2021)7
Château de Sonnay (Indre-et-Loire, 2021)7
Pierre-Marie-Arsène Lafargue (1852-1931)
Château du Petit-Thouars (Indre-et-Loire, 2021)7
Pierre Meusnier (1711-1781)
-Palais du Commerce de Tours (2004)1 et 6
-Château des Ormes, pavillons d'entrée, pavillons latéraux et ailes en retour (2011)2
-Abbaye de Fontevraud, Logis Bourbon (2011)2 et 6
-Château de Grillemont, logis et ailes en retour XVIIIe, communs XVIIIe (2019)5
Nicolas Pineau (1684-1754)
-Cheminée de la galerie du château d’Asnières (2012, château des Ormes, Vienne)2
Bernard Poyet (1742-1824)
-Château des Ormes, corps central sous la direction de Charles De Wailly (2011)2
-Grande grange ou grange-écurie des Ormes sous la direction de Charles De Wailly (Vienne, 2011)2
Octave Raquin (1837-1897)
Extension de l’Hôtel du Palais à Biarritz. Le célèbre plan en E de l’établissement (2016)4
Jean-Baptiste Saint-Joir (1720-1775)
-Château et jardins de Villandry au XVIIIe siècle (2022)8
-Décoration rocaille de l'église Saint-Pierre de Ville-Issey (Meuse) pour Jean-Nicolas Jadot, architecte de François-Etienne de Habsbourg-Lorraine, empereur du Saint-Empire romain germanique10
Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879)
Elévation de la « grande tour » ou donjon de la résidence impériale d’Arteaga, exécutée par G-A. Ancelet (Espagne, 2023)9
Charles De Wailly (1730-1798)
-Salle à manger du château d’Asnières (2011)2-3
-Plan et élévation de la grande grange ou grange-écurie des Ormes (Vienne, 2011)2
Bibliographie (par ordre chronologique)
1.Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778), thèse d’histoire de l’art, Paris-I Panthéon-Sorbonne, juin 2004, Daniel Rabreau (dir.), 3 tomes.
2.Le château des Ormes, coll. "Itinéraires du Patrimoine", Service régional de l’Inventaire de Poitou-Charentes, Geste, Poitiers, 2013 (préface de Ségolène Royal, présidente de Région).
3."Le mécénat du marquis de Voyer au château et aux haras d'Asnières-sur-Seine : enjeux politiques et culturels (1750-1755)", Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, année 2013, 2017, p. 139-171.
4.Étude historique sur l’Hôtel du Palais à Biarritz, des origines à nos jours, Hôtel du Palais, Biarritz, mars 2017 (à paraître).
5.Recherche documentaire XVe - XXe siècles sur le château de Grillemont (Indre-et-Loire), 2018 - 2019.
6."Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne – Pierre Meusnier : la vraie histoire du Palais du Commerce de Tours, 1757-1759", Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LXVI, 2020 (2021), p.81-94.
7."Les architectes Gallois et Lafargue au château du Petit-Thouars : un bel exemple de néo-gothique tardif (1873-1901)", Bulletin de la Société d’Histoire de Chinon Vienne & Loire – Amis du Vieux Chinon, t. XII, n° 6, 2022, p. 903-920.
8."Métamorphose de Villandry au XVIIIe siècle : les superbes aménagements du comte Michel-Ange de Castellane (1756-1775)", Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LXVIII, 2022 (2023), p. 62-85.
9.Artega : le château en Espagne de l’impératrice Eugénie et de Napoléon III, 2023 (à paraître).
10.Identifié en mai 2023. Article à paraître.
C’est un grand moment des arts décoratifs du XVIIIe siècle : les boiseries du Pavillon de Sylvie à Chantilly, réalisées en 1756, rendues par mes soins à Jean Mansart de Jouy.
L’architecte était alors au comble de la renommée depuis que la façade de Saint-Eustache à Paris et sa grande place prévue au-devant lui furent confiées en 1754.
Après l'identification des boiseries en 2021, découvrez dans mon dernier article des Mémoires de la Société académique de l’Oise, t. XLV, 2022, « De Dreux à Chantilly : les boiseries du pavillon du Carré à la Maison de Sylvie" (p.146-167), les motifs qui y ont conduit.
Quand deux décors majeurs du XVIIIe siècle par les derniers Mansart, les salons des châteaux d’Abondant (Louvre) et d’Asnières (Cliveden House, GB), identifiés comme tels par Bruno Pons en 1995 dans son fameux ouvrage Grands décors français, en donnent un troisième : les boiseries animalières du salon du pavillon de chasse du comte d’Eu, cousin germain de Louis XV, en forêt de Dreux.
Boiseries qui furent démontées et installées en 1883 par le duc d’Aumale dans un salon spécialement conçu à cet effet par Honoré Daumet (1826-1911), architecte du duc à Chantilly et du Tout-Paris de la Belle Époque, ainsi que par le sculpteur ornemaniste Gustave Germain (1848-1909), lui aussi très en vue.
J’exprime toute ma gratitude aux personnes qui m’ont permis de réaliser cette belle étude et de publier cet article dans son intégralité. Elles se reconnaîtront. Comme je le leur indiquais, elle aurait été confiée à un chercheur autre que cette importante identification n’aurait pu avoir lieu. De la nécessité de confier les bonnes études aux bons historiens…
Pour obtenir la revue, contacter la Société académique de l’Oise : http://soc.acad.oise.free.fr
Prix du tome XLV, 2022, 288 pages, parution mai 2023 : 28 € + 10 € de port.
Découvrez dans le dernier numéro du Bulletin de la Société archéologique de Touraine, année 2022 (parution avril 2023), les plans inédits XVIIIe et XIXe du château, conservés aux Archives départementales et en mains privées, ainsi que de nouveaux éléments sur l’architecte du comte de Castellane, Jean-Baptiste Saint-Joire, dont j’ai révélé l’existence l’an dernier à l’occasion de ma conférence pour la SAT de janvier.
Cet article est aussi l’occasion de faire le point sur l’évolution du château (extérieurs et intérieurs) et de ses jardins au milieu du XVIIIe, ainsi que sur la chapelle découverte l’an dernier dans une partie du château demeurée en latence depuis le début du XXe siècle.
Bonne découverte !
Société Archéologique de Touraine
Première grande acquisition foncière en Ile-de-France de Napoléon III en 1852, le domaine de Villeneuve-l'Etang, partagé entre Marnes-la-Coquette et Garches, fut intégré au domaine de Saint-Cloud en 1853.
Il fut tour à tour la propriété du maréchal Soult, de la duchesse d'Angoulême et de la famille De Caze de La Bove au début du XIXe siècle.
Les vestiges de ce domaine, malmené par les aménagements et amputations des XIXe et XXe siècles, sont à découvrir dans l'Album Photos.
Un domaine paysager à l'anglaise qui devait influencer celui de Biarritz en 1854-1855 au même titre que le parc du Petit Trianon.
Un domaine à la jonction de mes travaux sur les Mansart et les résidences méconnues du Second Empire puisque c'est sur ce domaine que se trouvait le château de l'Étang, remanié à la fin du XVIIe siècle par Jules Hardouin-Mansart, disparu dès les années 1710 au profit d'autres constructions disposées près de l'étang et sa rivière aux XVIIIe et XIXe siècles.
Bonne promenade !
Un autre Mansart à Versailles est à découvrir dans le numéro d’avril de Versailles +, p. 28.
Un Mansart présent sur le chantier du domaine royal dès 1670, soit avant Hardouin-Mansart. Il lui ouvrit probablement la voie de Mme de Montespan à Clagny avant d’être dépassé par le génie courtisan de son cousin.
Un Mansart dont l’activité dans la cité royale n’est plus marquée aujourd'hui que par quelques maisons autour du marché Notre-Dame.
Article Delisle-Mansart à Versailles, Versailles +, avril 2023. p.28 pdf
En cette année de commémoration des 150 ans de la disparition de Napoléon III (1873-2023), découvrez les trois conférences que je donnerai cette année pour ceux qui n'auraient pu les intégrer dans leur programmation annuelle.
Napoléon III et le Second Empire demeurent des sujets éternels pour ceux qui apprécient cette période faste de l'Histoire de France.
Découvrez dans Versailles +, février 2023, n° 54, mon propos sur Jules Hardouin-Mansart et Versailles, p. 20-21.
Trop souvent réduite à la réalisation du château, des deux écuries ou du Grand Trianon, l’activité d’Hardouin-Mansart à Versailles fut protéiforme et s’étendit à tout le site royal : château, jardins, parc et ville.
L’occasion de rappeler dans cet article l’importance de l’architecte dans l’image et la perception de Versailles, quelque peu malmenée ces dernières années au profit des seuls Le Nôtre ou Le Brun, et combien il demeura, plus que tout autre artiste ou personnage du Grand Siècle, longtemps au service du Roi-Soleil (34 ans).
Ces derniers siècles, il fut, hélas, peu récompensé de son génie contrairement à d'autres gloires nationales.
Gageons que cet article saura combler quelque peu ces lacunes.
Article Jules Hardouin-Mansart à Versailles, Versailles +, février 2023. p.20-21 pdf
Après l’exhumation des nombreuses planches du domaine impérial de Biarritz en 2016, qui seront publiées prochainement1, la découverte de l’exceptionnelle documentation sur la résidence impériale d’Arteaga en Espagne (Biscaye) constitue un autre moment fort de mon activité d’historien de l’art sur un sujet napoléonien.
C’est aussi un moment déterminant dans l’approche de l’impératrice Eugénie, de l’architecture et des arts décoratifs des résidences impériales au milieu du XIXe siècle.
La littérature sur cette résidence espagnole est inexistante en France. C’est donc avec une profonde émotion que je fais part de ce fonds exceptionnel (correspondance, planches, devis, factures …) qui sera dévoilé en cette année impériale à travers conférences et publications.
L’ensemble de cette recherche est protégé au titre du ©copyright.
Bien plus que Biarritz qui, contrairement à ce que l’on prétend à tort, fut autant la réalisation de Napoléon III que d’Eugénie2, Arteaga fut assurément la résidence de l’impératrice, érigée au rang des résidences impériales à compter de 1857. Comme Biarritz ou Solférino (Landes), elle demeurera, après la chute de l’Empire en 1870, sa résidence personnelle dans une Espagne qui lui restera chère jusqu’à son décès à Madrid, dans le palais familial de Liria, en 1920.
Arteaga doit être ainsi considérée comme l’un des éléments non-négligeables des rapports franco-espagnols au milieu du XIXe siècle. Cette résidence était liée en effet aux liens de l’impératrice Eugénie avec la province de Biscaye, ses parentés avec les seigneurs d’Arteaga et de Gasteiz. Sur la base de cette ascendance, les cortes de la province firent en 1856 de son fils Louis-Napoléon-Eugène, né cette année-là, un Biscayen d’origine.
Arteaga, c’est aussi, sur le plan de l’histoire de l’art, un nouveau témoignage de l’éclectisme des goûts de l’impératrice qui passe ainsi d’une architecture de style Louis XIII brique et pierre à Biarritz, dite alors "Louis XIV", au style néo-gothique à l’instar de la résidence de Pierrefonds (Oise) dont elle constitue la petite sœur espagnole. Les deux sites sont en effet conçus et commencés au même moment (1857-1858).
Plus largement, cette découverte documentaire constitue un moment déterminant dans l’appréhension d'Eugénie, trop souvent traitée sous son angle purement français. Rappelons qu’elle était à la fois : espagnole par la naissance, la famille paternelle, les mœurs (sa profonde piété catholique), les goûts (la corrida, par exemple) et l'entourage3 ; française par son mariage, son fils, son rôle d’impératrice des Français, ses ami(e)s et relations, son goût de la mode, de l’architecture et de la décoration intérieure ; anglaise enfin - britannique devrait-on dire, si l’on considère les origines écossaises de sa mère -, son intimité avec la reine Victoria et, bien sûr, son long exil en Angleterre en 1870 à Chislehurst tout d’abord, au sud-est de Londres, puis à Farnborough Hill (Hampshire), à partir de 1880, qui fut sa dernière résidence4.
Lors de mes investigations approfondies sur le domaine de Biarritz dont on parlait si mal, l’existence de cette résidence espagnole m'intrigua, étant régulièrement signalée par les contemporains et dans les sources aux côtés de celles de Pau et de Biarritz. Résidence dont ne parlaient – curieusement – jamais les historiens.
En 2018, je me rendis donc sur place afin de mieux appréhender ce site si mal connu des Français et mis en ligne des clichés de l’ex-forteresse médiévale.
En ce jour de cent-cinquantenaire de la disparition de Napoléon III, Louis XIV du XIXe siècle5, c'est une heureuse découverte qui est ainsi révélée.
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1.Ouvrage à paraître qui fait suite aux conférences, articles et hors-série livrés en 2019-2020.
2. Le tableau d'Ange Tissier figurant Napoléon III et Eugénie devant le projet du Louvre est emblématique de la collaboration qui existait au sein du couple dans la réalisation et les aménagements des résidences impériales.
3.Voir à ce propos, le remarquable article de Jean-Emmanuel Skovron, "De qui Montijo est-il le nom ? Pour une meilleure connaissance de la famille espagnole de l’Impératrice Eugénie", Napoleonica. La revue, 2021/1, n° 39, p. 54-85. Le travail ici engagé mérite d’être poursuivi car l’aspect espagnol de l’impératrice demeure encore largement ignoré en France. Nous avons pu le constater à travers son réseau espagnol, tant aristocratique que des milieux d’affaires, dans le projet de vente de la résidence de Biarritz en 1880. Réseau qui reste à identifier en grande partie.
4.Le projet de Farnborough Hill (résidence et chapelle sépulcrale Saint-Michel) est né en 1879, suite au décès du prince impérial en Afrique du Sud. Il fut confié à l'architecte Hyppolite Destailleurs (1822-1893), fin lettré et éminent architecte de la haute société du XIXe siècle. En 1880, l'impératrice mit en vente son domaine de Biarritz pour financer l'opération. Sa dernière résidence en France fut la Villa Cyrnos à Cap Martin sur la Côte d'Azur, qu'elle ne fréquentait que pour ses villégiatures.
5.Sous le Second Empire, les résidences impériales étaient aussi nombreuses que sous l'Ancien Régime, témoignant, comme le grand roi, du goût profond de Napoléon III et d'Eugénie pour l'architecture et l'urbanisme.
Ce qu’il y a de fascinant chez les Mansart, c’est que l’on n’est jamais au bout de ses surprises ! Leurs créations et leur génie sont infinis.
Connaissez-vous la « Porte du Nord » ou « Entrée du Roi » à Maisons-Laffitte ?
Sise aux limites des domaines de Maisons et de Saint-Germain-en-Laye, à deux pas du pavillon de La Muette, pavillon de chasse réputé de Louis XV, elle est sans doute l’une des créations les plus mal traitées des historiens des Mansart et des jardins aux XVIIe-XVIIIe siècles1.
En 2009, Béatrice Vivien, actuelle adjointe à la culture de la ville, historienne des Longueil et du château de Maisons, y consacra un long article. Elle y fait une analyse solide, illustrée de nombreux plans et documents anciens des Archives Nationales et du fonds documentaire de l’Association syndicale du Parc de Maisons-Laffitte (ASP). On le lira avec grand intérêt dans le fichier ci-dessous. L’auteure s’étend peu cependant sur l’aspect qui nous intéresse également : qui de François Mansart ou de Jules Hardouin-Mansart est l’auteur de cet ensemble remarquable ?
Les deux serons-nous tentés de dire. En effet, si le projet naît à la fin de la carrière du Grand Mansart, à partir de 1658, il fut repris et parachevé par son petit-neveu Jules Hardouin-Mansart jusqu’en 1670. On sait comment le jeune architecte s’était formé sur les chantiers de son grand-oncle et combien il en assura l’achèvement après son décès en 16662. Maisons ne faillit pas à la règle. On peut même se demander si certains des pavillons déployés-là ne sont pas de la main même de l’architecte de Louis XIV comme indiqué plus bas (?).
Inscrite dans la grande perspective du château de Maisons, sans aucun doute la plus longue - 2 400 mètres exactement -, la plus belle du royaume avant l’avenue de Paris de Versailles, cette entrée témoigne du génie conceptuel de François Mansart en matière de constructions et de jardins. Son objet fut le suivant : comment conserver l’infini d’une perspective, sans murs, ni grilles, ni clôtures d'aucune sorte, tout en la protégeant des intrusions extérieures ?
Son ingénieuse composition surpasse assurément tout ce que Le Nostre créa en la matière. Cette entrée atteste ce que celui-ci dut au Grand Mansart en même temps que la rivalité ‒ amicale ‒ qui animait les deux hommes : qui de l’un ou de l’autre éblouirait le plus le spectateur par l'audace de ses créations ? Jamais, en effet, on ne vit saut-de-loup si beau et si complexe.
François Mansart sut protéger là magnifiquement le domaine de Maisons de la faune et des intrus sans nuire à la perspective souhaitée. Béatrice Vivien rappelle que, contrairement aux bois visibles aujourd’hui qui barrent la vue, la grande allée de Maisons ouvrait sur un vaste paysage de landes.
La composition de cette entrée en forme de petit homme tient autant du génie civil que militaire avec ses beaux jeux de renfoncements, ses fossés droits et circulaires, ses pavillons bas en forme de bastions avec grandes salles voûtées, qui enserrent le vaste hémicycle clôturant la perspective en contre-bas.
Les six pavillons initiaux en hauteur, tout comme les grilles qui les précèdent, sont caractéristiques de ce style Mansart, fait d’originalité et du goût prononcé des ressauts.
En matière d’originalité, le pavillon de garde qui subsiste de nos jours présente une élévation rompant à plaisir avec la tradition : au lieu d’une élévation uniforme traditionnelle, l’architecte a choisi de déployer, au centre, une grande niche en anse de panier à la manière d’un portail ou d’une porte cochère pour abriter deux baies en renfoncement et un balcon au-devant dans un jeu de va-et-vient.
Comme il se doit, ce pavillon fut couvert d’un comblé brisé, dit alors « à la Mansart ». Si le brisis du comble en partie basse entre bien dans la tradition de François Mansart, en revanche la nature des lucarnes à ailerons et le style général de la construction, avec ses parements de fausses briques, inclinent pour une réalisation d’Hardouin-Mansart. Ou, disons plutôt, qu’il s’agirait d’une réalisation du premier, revu et corrigé par le second si l’on prend en considération le rythme alterné des modillons sous la corniche, originalité plus propre à François qu’à Jules Hardouin. Ce pavillon évoque, en effet, immanquablement les constructions en vigueur à Versailles sous Louis XIV.
Voir également : Béatrice Vivien, Les demeures et collections d'un grand seigneur : René de Longueil, Président de Maisons (1597-1677), thèse d'histoire de l'art, Claude Mignot (dir.), soutenue en décembre 2014.
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1.Évoquée sommairement dans le dernier ouvrage de Claude Mignot sur François Mansart, paru en 2016.
2. Voir les ouvrages de Bertrand Jestaz et d'Alexandre Gady en 2008 et 2010 et le nôtre, à paraître, qui réactualise le corpus de ses ouvrages.
À l’occasion de sa restauration et de l’exposition Louis XV actuellement au château, découvrez dans la revue Versailles + de novembre, mon article pleines pages sur la cathédrale de Versailles, premier grand chantier religieux du Bien-Aimé.
Longtemps restée dans l’ombre de la chapelle royale et des grandes églises parisiennes du moment, Saint-Louis de Versailles constitue assurément un chef-d’œuvre de l’art religieux du XVIIIe siècle : parmi les plus éminents architectes, peintres, sculpteurs et ornemanistes d’alors collaborèrent à cet édifice et à sa chapelle des Catéchismes (de la Providence aujourd'hui). Un édifice conforme aux fastes d’Ancien Régime et à la notoriété de Versailles, capitale du royaume, que l’on peine à concevoir aujourd’hui.
Tous les souverains, de Louis XV à Napoléon III, en passant par Louis XVI, Louis XVIII ou Louis-Philippe, y laissèrent leur empreinte. Le pape Pie VII l’honora de sa visite en 1805.
L’occasion de rappeler aussi combien Versailles dispose d’une architecture religieuse importante : Notre-Dame, Saint-Symphorien, chapelles du Couvent de la Reine (Lycée Hoche) et de l’Hôpital royal (Richaud), toutes conçues et réalisées par d’éminents membres des Académies royales d’architecture, de peinture et sculpture.
Que cette publication soit donc l’occasion de rappeler l’intérêt majeur de l’architecture religieuse de la ville, souvent négligée médiatiquement au profit des réalisations du domaine royal.
Une occasion de beaux documentaires ou d’émissions à envisager pour une meilleure appréhension de leur histoire, leur architecture et des chefs-d’œuvre que ces édifices contiennent.
Sauf exception, les clichés sont de votre serviteur.
Bonne lecture.
Article Saint-Louis, novembre-2022, pdf