cathédrale Saint-Louis

Inauguration du grand orgue de la cathédrale Saint-Louis, Versailles, janvier 2025

Les 17-18 et 26 janvier 2025 verront l’inauguration du grand orgue de la cathédrale Saint-Louis de Versailles, après six ans de restauration.

Réalisé en 1760-1761 par Louis-Alexandre Cliquot (1680-1760) et son fils François-Henri (1732-1790), qui le paracheva à la mort de son père, cet orgue de 53 tonnes, classé M.H. en 1906, figure au rang des plus grands instruments liturgiques du XVIIIe siècle au même titre que l’orgue de la chapelle royale du château, œuvre de Robert et Jean Cliquot (1710-1771), respectivement père et aïeul des précédents.

Inauguré aux vêpres du 31 octobre 1761, veille de Toussaint, il fut joué, nous dit L’Avant-Coureur, durant trois-quart d’heure devant Louis XV par son organiste Nicolas-Hubert Paulin (1713-1785).

L’orgue fut restauré à plusieurs reprises au XIXe siècle. Les interventions les plus notables sont celles de : Pierre-François Dallery (1807-1808), son fils Louis-Paul (1828-1829), John Abbey (1838-1839) et, surtout, Aristide Cavaillé-Coll (1859-1863).

 

                                       Versailles, cathédrale, grand orgue, Louis-Alexandre et François-Henri Cliquot, 1760-1761, cl. Ph. Cachau

 

Restauré à nouveau en 1901-1902, l’orgue dut attendre 1987-1989 pour que l’on procédât à une nouvelle intervention d’envergure en vue du bicentenaire de la Révolution française. Je me souviens encore de l’inauguration, le 15 octobre 1989, avec le récital de Marie-Claire Alain. L’orgue avait été béni alors par Mgr Jean-Charles Thomas, évêque de Versailles.

La colle employée durant cette restauration entraina malheureusement une dégradation lente des 3248 tuyaux, constatée en 2000. Ce n’est qu’en 2018 que la restauration complète put être enfin engagée. Le remontage des tuyaux, effectué en 2024, avait été entravé en 2020-2022 par le Covid et la restauration de la façade de la cathédrale.

On retrouvera l’historique complet de l’instrument dans mon ouvrage « La cathédrale Saint-Louis de Versailles. Un grand chantier du règne de Louis XV », Paris, Somogy, 2009 (p.52-53, 87-88, 126-130), ainsi que la composition complète de l’instrument (p.246-247), avec l’aimable et précieuse collaboration de Jean-Pierre Millioud, titulaire de l’orgue depuis quatre décennies.

Le 18 janvier, à 16h, verra une nouvelle bénédiction de l’instrument par Mgr Luc Crépy, évêque de Versailles.

Premier concert inaugural, le 19 janvier, 15h et le second, le 26 janvier, 15h.

Toutes les informations ici : https://actu.fr/ile-de-france/versailles_78646/video-un-monstre-de-la-musique-est-de-retour-en-la-cathedrale-saint-louis-de-versailles_62115326.html

 

                                        Le grand orgue et sa tribune, milieu XVIIIe, cl. Ph. Cachau

                                               

La renaissance de la cathédrale de Versailles, Versailles +, n° 151, novembre 2022

À l’occasion de sa restauration et de l’exposition Louis XV actuellement au château, découvrez dans la revue Versailles + de novembre, mon article pleines pages sur la cathédrale de Versailles, premier grand chantier religieux du Bien-Aimé.

Longtemps restée dans l’ombre de la chapelle royale et des grandes églises parisiennes du moment, Saint-Louis de Versailles constitue assurément un chef-d’œuvre de l’art religieux du XVIIIe siècle : parmi les plus éminents architectes, peintres, sculpteurs et ornemanistes d’alors collaborèrent à cet édifice et à sa chapelle des Catéchismes (de la Providence aujourd'hui). Un édifice conforme aux fastes d’Ancien Régime et à la notoriété de Versailles, capitale du royaume, que l’on peine à concevoir aujourd’hui.

Tous les souverains, de Louis XV à Napoléon III, en passant par Louis XVI, Louis XVIII ou Louis-Philippe, y laissèrent leur empreinte. Le pape Pie VII l’honora de sa visite en 1805.

L’occasion de rappeler aussi combien Versailles dispose d’une architecture religieuse importante : Notre-Dame, Saint-Symphorien, chapelles du Couvent de la Reine (Lycée Hoche) et de l’Hôpital royal (Richaud), toutes conçues et réalisées par d’éminents membres des Académies royales d’architecture, de peinture et sculpture.

Que cette publication soit donc l’occasion de rappeler l’intérêt majeur de l’architecture religieuse de la ville, souvent négligée médiatiquement au profit des réalisations du domaine royal.

Une occasion de beaux documentaires ou d’émissions à envisager pour une meilleure appréhension de leur histoire, leur architecture et des chefs-d’œuvre que ces édifices contiennent.

Sauf exception, les clichés sont de votre serviteur.

Bonne lecture.

Article Saint-Louis, Versailles +, novembre 2022Article Saint-Louis, novembre-2022, pdf

 

  Couverture Versailles +, novembre 2022          Eglise en restauration, septembre 2022, cl. Ph. Cachau

 

Restauration de la cathédrale Saint-Louis de Versailles 2021-2022

La cathédrale Saint-Louis de Versailles est l’un des édifices religieux majeurs du règne de Louis XV au même titre que les églises Saint-Sulpice ou Sainte-Geneviève (actuel Panthéon) à Paris1.

 

                                             La cathédrale Saint-Louis depuis le Potager du Roi, cl. Ph. Cachau

 

Depuis le mois de mars 2021, la cathédrale fait l’objet d’une grande campagne de restauration extérieure.

Cela faisait une vingtaine d’années que l’on n’était plus intervenu aussi massivement sur l’édifice : les dernières restaurations en la matière datent en effet du début des années 2000. Elles faisaient suite alors aux dégâts causées par la tempête de décembre 1999.

La présente campagne a pour objet :

1°) le ravalement de la façade principale et des deux tours latérales.

2°) la restauration des trois portes de la façade.

3°) la réfection du vitrail central en façade avec remplacement des fers dégradés de l'armature, des verres abimés et une consolidation des plombs.

4°) la révision générale de la couverture des tours latérales (ardoises, plomb et étanchéité au droit des corniches).

5°) la mise en place d’un dispositif destiné à protéger durablement la pierre des déjections des volatiles2.

On regrettera dans ce beau programme, l’absence de la mise en dorure des plombs extérieurs (bulbes des tours latérales, flèche du dôme3 et couverture de la chapelle axiale de la Vierge), lesquels pourront faire l’objet d’une prochaine campagne d’intervention. Ainsi réhabilités, ils feraient un bel écho aux plombs dorés de la chapelle royale récemment dégagée.

 

           Plombs des tours latérales autrefois dorés, cl. Ph. Cachau          La chapelle royale de Versailles en 2021, cl. Ph. Cachau

 

On ne peut qu’encourager une telle initiative afin de redonner à la cathédrale de Versailles et, plus largement aux églises de la cité royale, leur splendeur initiale. Ceci contribuerait à leur réhabilitation dans l’esprit des visiteurs de la ville et chez les historiens et historiens d’art.

Rappelons que Versailles était alors la capitale administrative de la France, pays le plus peuplé et le plus puissant d’Europe.

L’église Notre-Dame, église primitive de la cité nouvelle de Louis XIV, avait aussi ses plombs dorés comme nous l’avons rappelé en 2009, d’après un dessin retrouvé aux Archives nationales4.

 

              Plombs dorés des tours latérales de Notre-Dame de Versailles,  détail,  Jules Hardouin-Mansart (agence),1684, Archives nationales                    Plombs autrefois dorés de la flèche et de la chapelle de la Vierge, cl. Ph. Cachau

 

Les armes de France du blason royal ailé sur le fronton principal pourront aussi être rétablies durant cette campagne à l’instar d’autres édifices de la ville (église Notre-Dame, Bibliothèque municipale, ex-ministère des Affaires étrangères), blason ainsi visible sur la place Vendôme à Paris.

 

           Jules Hardouin-Mansart, fronton de la place Vendôme, blason ailé à fleurs de lys, détail, cl. Ph. Cachau           Notre-Dame de Versailles, tours et fronton aux armes royales, cl. Ph. Cachau

 

                                 Fronton principal de Saint-Louis de Versailles, blason royal ailé avec lys de France disparus, cl. Ph. Cachau

 

1.Voir notre ouvrage publié en 2009 aux éditions Somogy. Ce bel édifice ne suscite, curieusement, pas autant d’intérêt médiatique que le Potager du roi voisin. Il contient pourtant parmi les chefs-d’œuvre de la peinture des XVIIIe et XIXe siècles et abrite l’une des plus belles charpentes de France.

2.Précisions aimablement communiquées par la Conservation régionale des Monuments historiques Ile-de-France.

3.La dorure de la flèche fut timidement engagée au début des années 2000. Rappelons que, sous l’Ancien Régime, il n’était pas concevable de laisser ainsi le plomb d’un édifice royal, surtout lorsqu'il est aussi visible depuis la terrasse de l’Orangerie du château. La remise en dorure des bulbes redonnerait au lieu le prestige qui lui fait actuellement défaut.

4.Réflexions engagées suite à nos échanges avec Gérald Van Der Kemp en 1991.