Domaine impérial de Solférino (Landes)

En 1857, Napoléon III acquit 7 000 ha de marécages sur sept communes du centre des Landes en vue de la création du "Domaine impérial des Landes".

Il entendait valoriser les terres ingrates des landes de Gascogne par l'établissement de vastes plantations de pins maritimes et rendre exploitables de terres jusque-là réservées à la pâture.

Neuf fermes impériales sur les quatorze prévues furent créées à ces fins, toutes construites sur le même modèle.

Un chalet de bois, comme à Vichy, dit Chalet de l'Empereur, fut aussi érigé, qui sera démoli en 1913.

 

                                                Solférino, chalet impérial, 1857-1858, Archives municipales

 

Suite à la victoire des troupes franco-sardes sur les troupes autrichiennes à Solferino (Italie) en 1859, l'empereur décida de donner ce nom à son domaine des Landes : la commune de Solférino (avec accent sur le e) était née.

 

           Allée centrale de Solférino, état actuel (cl. Ph. Cachau)             Solférino, église Sainte-Eugénie (cl. Ph. Cachau)

 

Les visées de Napoléon III n'étaient pas seulement économiques, mais aussi politiques et sociales. Il entendait appliquer ici ses conceptions positivistes en ces domaines, en digne disciple d'Auguste Comte (1798-1857) et de Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), petit-cousin du célèbre duc de Saint-Simon, mémorialiste du règne de Louis XIV.

Un bourg fut créé, composé d'une vaste allée centrale au terme de laquelle on disposa l'église, dévolue à Sainte-Eugénie comme à Biarritz.

Voisinaient, de part et d'autre de l'allée, la mairie-école, le presbytère et différentes maisons d'artisans, caractérisées par leur auvent à colonnettes en fonte au-devant.

Quatre autres allées furent établies symétriquement où l'on bâtit des cottages pour les ouvriers agricoles suivant un double modèle (simple ou dédoublé).

 

           Solférino, mairie-école, état actuel (cl. Ph. Cachau)             Ferme impériale du Taston (cl. Ph. Cachau)

 

Solférino demeure assurément le symbole des nombreux efforts déployé par l'empereur des Français pour le développement du Sud-Ouest.

Citons à ce propos : la création de la voie ferrée Bordeaux-Bayonne ; de la gare de Dax, inaugurée par l'imératrice Eugénie en 1854 ; de la station thermale d'Eugénie-les-Bains (1861) ; la modernisation du port de Cap Breton, des villes de Bordeaux et de Bayonne ; le développement de la station balnéaire de Biarritz ; la construction de canaux, de routes et de ponts ; le développement de l'agriculture et de la sylviculture ...

Autant de bienfaits longtemps passés sous silence par la IIIe République, laquelle ne lui pardonna jamais le coup d'état de 1851 alors que Napoléon III était président de la Seconde République.

 

           Solférino, cottage double (cl. Ph. Cachau)             Solférino, cttage simple (cl. Ph. Cachau)                

 

Après la défaite de Sedan en 1870, date de la chute du Second Empire, Solférino, propriété de l'empereur et de l'impératrice puisque financé sur leur liste civile, fut confisqué et administré par l'État jusqu'à sa restitution en 1873.

Le domaine revint à Eugénie après le décès de Napoléon III, cette année-là. Domaine qu'elle conserva jusqu'à sa vente en 1905.

Découvrez plus amplement la passionnante histoire de cette commune des Landes dans mon article de la revue Le Festin, n° 100, décembre 2016, p. 48-53.